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Livre : “Girls Rock” de Sophie Rosemont

Les femmes ont autant leur place dans l’histoire du rock que les “guitar heroes” masculins. Sophie Rosemont retrace le parcours de musicienne­s cultes dans un livre passionnan­t qui tord le cou aux clichés.

- Par Noémie Lecoq

Pourquoi était-ce important de rappeler le rôle central des femmes dans le rock?

Sophie Rosemont : Parce qu’il m’a semblé que ce rôle n’était pas mis en avant, ni même raconté dans les ouvrages sur la musique. Comme l’a écrit Shirley Manson (leader de Garbage, ndlr) dans la préface, si on ne raconte pas nous-mêmes notre histoire, qui le fera ? Quand on pense aux icônes rock, on pense souvent à Mick Jagger, David Bowie et Lou Reed, mais il ne faudrait pas oublier PJ Harvey, Patti Smith et

Janis Joplin.

En plus d’avoir un impact d’un point de vue musical, certaines d’entre elles ont aussi eu une énorme influence sur la mode…

Oui, en particulie­r Debbie

Harry et Patti Smith, deux icônes ultimes! On peut aussi citer Kim Gordon, Courtney Love, Marianne Faithfull, Siouxsie Sioux, Joan Jett et même Beth Ditto, qui a réintronis­é le “body positive” glamour.

Le statut des rockeuses s’est-il amélioré aujourd’hui ?

Oui. Les femmes ont davantage de moyens techniques et financiers pour créer et produire elles-mêmes leur art. La misogynie a toujours existé et existera peut-être toujours. Mais elle est beaucoup plus contrée et elle fait moins sa loi qu’avant. En écrivant ce livre, j’ai aussi découvert une notion de sororité entre toutes ces femmes musicienne­s, quels que soient leur génération, style musical ou même géo-localisati­on. Elles travaillen­t ensemble, elles s’admirent mutuelleme­nt et n’hésitent pas à le dire – les crêpages de chignon sont très rares! Au contraire, il y a une bienveilla­nce incroyable entre ces rockeuses. Elles ont compris qu’on est plus fortes ensemble. Dans la scène française actuelle, on voit ce phénomène entre Clara Luciani, Juliette Armanet et Fishbach : elles se connaissen­t, s’apprécient, se citent… Grâce à cette solidarité, elles se sentent soutenues et prennent confiance.

Quels combats restent à mener pour elles?

Ne pas céder à l’idée de tout faire comme les hommes, mais c’est de moins en moins le cas aujourd’hui, comme le prouvent des femmes à la fois sexy et rock comme

St. Vincent ou PJ Harvey. On voit également qu’il y a beaucoup plus de place pour l’androgynie et la fluidité

– et tant mieux! Il reste surtout le combat financier : avoir le même salaire que les hommes. On aimerait aussi voir autant de femmes que d’hommes à l’affiche des festivals et qu’elles soient traitées avec le même respect lorsqu’elles font leurs balances avant un concert. Ces luttes ne se limitent pas au rock, d’ailleurs j’aimerais me pencher sur un second volet, “girls groove”, qui parlerait des femmes dans la soul, le RNB, le rap et l’électro, et je prépare un projet de podcasts sur les femmes et la musique.

“Girls rock”, de sophie rosemont (éditions nil).

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The Slits, Daventry Street, Londres, 1977.

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