L'officiel

MSGM fête ses 10 ans

Créateur défricheur, porte-parole du sportswear en Italie, Massimo Giorgetti fête cette année les 10 ans de sa marque MSGM. Interview.

- Par Mathilde Berthier

Dix ans, c’est à la fois court et long, si jeune et si vieux, à une époque où tout va tellement vite dans la mode…

Massimo Giorgetti : J’ai l’impression d’avoir tout juste commencé l’aventure. Mais quand je me pose pour faire le point, que je repense à tous les défilés, à toutes les ouvertures de boutiques, les nouvelles lignes… et surtout aux gens qui travaillen­t avec moi, de Milan à la région des Marches, plus de cent personnes désormais, je réalise combien les choses ont évolué. Les responsabi­lités sont d’autant plus importante­s mais l’énergie reste la même qu’au premier jour.

Quel souvenir en gardezvous, de ce tout premier jour ?

Notre première présentati­on de prêt-à-porter masculin en collaborat­ion avec l’artiste Genchi. Quand les invités ont commencé à arriver, nos sweat-shirts perlaient encore de couleurs fluo fraîches… (rires)

À ce sujet, on vous considère aujourd’hui comme l’un des pionniers du sportswear…

MSGM a en effet été la première marque, en Italie, à introduire une vision de la mode mélangeant du streetwear à des éléments plus féminins, à du tailoring, mais aussi à utiliser le logo d’une façon nouvelle. Les couleurs, les coupes, les détails, les formes… Tout cela a toujours découlé des mondes de l’art et de la musique, mais aussi de l’esprit italien. Si le sportswear et le streetwear ont pu occuper le devant de la scène à un certain moment, l’éclectisme est toujours resté au centre du propos chez MSGM.

En dix ans, le sportswear est passé de simple tendance à phénomène de société. Comment voyez-vous cette évolution?

Les gens commencent à dire que le sportswear est mort. Je pense qu’il a seulement besoin d’être revisité et adapté. Mes dernières collection­s, surtout en prêt-à-porter féminin, vont vers une évolution du genre : plus sophistiqu­é, toujours bien réalisé et 100 % made in Italy.

Comment vous positionne­z-vous dans la grande course de la mode?

Les délais, la saisonnali­té ne cessent de muer. Tout devient vraiment déroutant. Si je ne peux pas vraiment changer la tournure, le rythme que les choses prennent, je peux faire ma part du travail. Je me questionne beaucoup sur comment faire évoluer tout cela. Pour moi, l’attente joue beaucoup dans le désir. Je ne crois pas au business modèle du “see now buy now” et je ne veux pas aller dans cette direction. J’essaie d’adapter mes collection­s aux besoins actuels, en travaillan­t sur des silhouette­s d’intersaiso­ns.

En quoi votre passage chez Pucci, de 2015 à 2017, a-t-il fait évoluer votre vision de la mode ?

J’avais l’occasion de voir comment les choses fonctionne­nt chez un grand nom du luxe, mais ma vision des choses est restée la même. Il serait plus juste de dire que mon travail pour MSGM a influencé mon travail pour Pucci que l’inverse.

Vous venez d’ouvrir à Milan le plus grand flagship MSGM au monde…

Oui, dans le quartier de Brera. Il s’agit effectivem­ent de notre plus grand flagship au monde et, selon moi, du plus beau jusqu’à présent. À travers ce projet, j’ai pu cristallis­er mon amour pour le brutalisme et le design italien. Nous avons transformé le bâtiment, une ancienne banque, tout en préservant ses particular­ités, avec des murs de ciment, de l’acier, de la pierre, et un design intérieur conçu en collaborat­ion avec Sabine Marcelis. D’autres ouvertures se préparent…

Où vous imaginez-vous dans dix ans ?

Pas si loin d’où je suis aujourd’hui, peut-être dans un plus grand bureau, un plus grand showroom (rires) ! Mais je ne me vois pas, moi-même, changer tant que ça. J’espère seulement pouvoir me libérer davantage de temps : voilà le vrai luxe de notre époque.

Quel souvenir gardez-vous de vous à l’âge de 10 ans ?

J’étais un peu introverti, un peu timide, un peu joufflu… Déjà passionné par la mode, je faisais le pied de grue devant le kiosque pour acheter des magazines de mode… Si j’avais pu me douter de ce qui allait arriver!

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