L'officiel

Rowe power

Pour annoncer la nouvelle vie de comédienne de Camille Rowe, l’écrivain Simon Liberati nous offre sa plume vive et franche. Et nous livre un portrait sans fard d’une jeune fille pleine de promesse.

- PHOTOGRAPH­IE DANYIEL LOWDEN STYLISME JENNIFER EYMÈRE TEXTE SIMON LIBERATI

“Quand j’ai été chercher ses photos sur Internet je me suis dit que je connaissai­s son visage. Magnifique­s yeux bleus écartés, bouche énorme, curieux nez un peu trop gros, un peu humide, un peu charmant (du genre Anatole France) qui lui donne du chien, seins sublimes, les cuisses minces a ni tapall en bergienn es… Le style Californie­nne en bottes molles. Cheveux beach blond surf et sable chaud…” Simon Liberati

Clara Bow… Pourquoi ai-je le nom de Clara Bow en tête quand je pense à Camille… Camille Rowe? Parce que je suis devenu un vieil homme et qu’avec l’âge on mélange les actrices d’avant-guerre et les filles d’aujourd’hui. Il suffit d’une rime ou d’un éternuemen­t pour passer de 2020 aux années 1920. Cent ans après, presque aucune lectrice évidemment ne connaît le nom de Clara Bow… Première it-girl (le nom a été inventé pour elle) blonde aux yeux gros comme des billes, elle fut la reine de Hollywood, elle partageait des amants avec son ennemie Marion Davies, l’autre blonde aux yeux ronds comme des billes, maîtresse de Randolph Hearst, et un château du côté de Lower Topanga, The Spiral Staircase, où vécut la famille Manson. Je pense à eux parce que Camille Rowe me fait penser à Tarantino. Elle devrait tourner avec lui ça lui irait bien. En attendant Camille Rowe vient de jouer un rôle dans un film choral inspiré par l’oeuvre d’anna Gavalda : Je voudrais bien que quelqu’un m’attende quelque part. Un film d’arnaud Viard avec Jean-paul Rouve et Alice Taglioni. Un film long métrage d’une heure et demie, un film très émouvant où on la voit beaucoup avec un bonnet, un nez rouge et des yeux humides parce qu’elle y pleure… Vraiment il y a une coquetteri­e chez certains réalisateu­rs à faire jouer des rôles de filles moroses, pas vraiment chiantes mais annagavald­iennes, c’est-à-dire pas super drôles, à des mannequins et des filles à la mode. Je me rappelle The Blackout d’abel Ferrara où cette pauvre Claudia Schiffer donnait la réplique à Béatrice Dalle en version psychorigi­de vegan nez rouge et eau plate… Il y avait eu un article de France Dimanche ou d’ici Paris assez cruel où le reporter racontait les déboires de Claudia avec Abel. Je ne pense pas que le tournage d’arnaud Viard ait été aussi chaotique. Rien ne transparai­t en tout cas. Camille Rowe y joue le rôle de la petite soeur de Jean-paul Rouve, acteur de théâtre contrarié devenu commercial en vin et bientôt suicidé, qui lui paye, avant de commettre l’irréparabl­e, ses fantasmes de photograph­ie d’art. Il lui prête 10000 euros pour qu’elle puisse accomplir sa vocation de Diane Arbus sur Saône (elle aime photograph­ier les gens difformes), le tout à Dijon. Après, Rouve meurt d’amour pour Elsa Zylberstei­n (son Ophélie de jeunesse, une actrice touchée par le cancer). Et Camille se retrouve à pleurer pendant une bonne quarantain­e de minutes avec le reste de la famille (chorale). Lorsque j’ai pu joindre Camille Rowe sur son portable en shooting avec Jen Eymère pour la cover de L’officiel, la première question que je brûlais de lui poser, c’était : “À quoi pensiez-vous de tellement triste pour arriver à pleurer pendant 40 minutes la mort de Jean-paul Rouve?” Moi qui adore Les Tuche j’admire cette performanc­e et je suis curieux de connaître votre secret. “Comme c’est un… mélo, on gardait souvent les premières prises. Donc c’était pas non plus des heures de larmes par jour. Je pensais à un événement traumatiqu­e qui m’est arrivé à moi, du coup j’ai gardé des séquelles bien après les trois semaines de tournage (rire sinistre). Je me suis promis de jamais recommence­r. Le pire, c’est que dans la vie je suis plutôt du genre à pleurer facilement…” Pourtant Camille Chrystal Pourcheres­se, plus connue sous le nom de Camille Rowe, est une mannequin et actrice franco-américaine née le 7 janvier 1990. Elle a donc 30 ans. Le bel âge… Fille d’un restaurate­ur prospère, elle a eu, d’après Wikipedia, une enfance heureuse “dans un quartier favorisé de la capitale”. Quand j’ai été chercher ses photos sur Internet je me suis dit que je connaissai­s son visage. Magnifique­s yeux bleus écartés, bouche énorme, curieux nez un peu trop gros, un peu humide, un peu charmant (du genre Anatole France) qui lui donne du chien, seins sublimes, les cuisses minces anitapalle­nbergienne­s… Le style Californie­nne en bottes molles. Cheveux beach blond surf et sable chaud… Je connais cette tête peut-être du Baron ou du Montana, d’un dîner Purple ou de la cafétéria Cora de Soissons (où je réside), je n’ai pas osé lui demander… Quand L’officiel m’a commandé le portrait que je suis en train d’essayer d’écrire, je n’en avais pas trop envie, j’étais d’une humeur déplorable, en train de retaper un livre déjà plus ou moins raté, Prières

“Les voix, j’en ai entendu beaucoup en soixante ans, peu d’aussi ouvertes… Rien à voir avec l’idée que je m’en faisais, issue d’un mélange de Wikipedia, d’articles de Elle.fr et de photograph­ies de Terry Richardson où elle tirait la langue toute nue dans un vieux Purple d’il y a dix ans.” Simon Liberati

exaucées, dont j’ai volé le titre à Truman Capote qui en échange m’a envoyé un sort, mais je me dis toujours que les choses viennent des rencontres, mêmes furtives, commandées cadrées… Une interview de dix minutes au téléphone peuvent me sortir du marasme. Je l’appelle à 13 h. La voix est vraiment charmante. Pas trop charmeuse, pas maniérée, pas traînante, genre molasse, pas grunge molosse, mais ouverte… Elle me dit qu’elle marche dans la rue pour aller au shooting et je regrette déjà d’avoir eu la flemme de faire cent kilomètres de bouchon pour la rencontrer. Les voix, j’en ai entendu beaucoup en soixante ans, peu d’aussi ouvertes… Rien à voir avec l’idée que je m’en faisais, issue d’un mélange de Wikipedia, d’articles de Elle.fr et de photograph­ies de Terry Richardson où elle tirait la langue toute nue dans un vieux Purple d’il y a dix ans. J’ai aussi un coffret des César 2018 avec Rock’n’roll de Guillaume Canet mais je dois avouer que j’ai oublié le contenu de ce film sinon que Marion Cotillard essaye d’apprendre l’accent canadien. D’où justement ma seconde question… J’ai lu (dans Glamour ? dans Elle.fr? dans le dossier de presse D’UGC?) que Camille Rowe a eu beaucoup de mal à perdre son accent franco-américain pour jouer un film choral au bord de la Saône. C’est vrai qu’on n’imagine pas la soeur de Jean-paul Rouve parlant avec l’accent de Laurel Canyon et Linda Hardy. – Ce n’est pas une question d’accent mais d’intonation. Ça ressort quand je parle en groupe, quand j’exprime des émotions… Au début ça ne collait pas vraiment avec Dijon. – Je vous assure qu’on n’entend rien… – Merci (rire joyeux), ça veut dire que j’ai bien travaillé donc. – Dijon vous a plu? – Oui, j’ai adoré. Il y a plein d’exploitati­ons de vin. Avec mon mec on a été faire un tour et goûté des bons crus. C’est vrai qu’à bien y regarder elle n’a pas l’air de sucer de la glace. Pas ivrogne, non… mais bonne vivante comme on dit dans la presse. Le flou dans les yeux, la truffe humide le rire communicat­if peuvent laisser penser que… Un peu comme Romy Schneider. La comparaiso­n n’est pas infâme. Clara Bow non plus ne crachait pas sur un drink… La question stupide maintenant que j’ai volée à un vieux numéro de Mademoisel­le Âge tendre… – Camille, dans l’idéal, quel rôle auriez-vous voulu jouer au cinéma ? – Le film dans lequel j’aurais vraiment aimé jouer c’est Kill Bill. J’avais raison de penser à Tarantino, il y a chez Camille Rowe un côté Margot Robbie dans le rôle de Sharon Tate… Un truc joyeux, californie­n, pas compliqué et un peu attiré par le mal en même temps… – Dans le film vous photograph­iez des gens difformes. Dans la vie êtes-vous fan de Diane Arbus? – Question art je préfère la peinture. Je ne suis pas fan de photograph­ie. Par contre j’aime bien les films d’horreur… Sinon je suis assez intéressée par les serial killers… Une ouverture? J’y crois pas. J’ai lu (sur Wikipedia?) qu’elle aime bien les vieux David Cronenberg… Alors nous citons quelques films… Si j’avais fait le déplacemen­t au lieu de lui téléphoner, j’aurais pu lui raconter que j’ai passé plusieurs soirées avec Cronenberg à Genève en novembre (il y avait sa fille aussi qui est photograph­e) et qu’il a un super sonotone branché sur son iphone qui lui permet d’écouter ou de zapper les gens selon qu’ils sont assis en face de lui, à gauche ou à droite… – Vous ne devinerez jamais ce qu’ils me font au maquillage pendant que je vous parle… Ils sont en train de gratter des croûtes sur mon nez. Cette fille est vraiment charmante… Rowe power… Il y a que des gens beaux pour parler de ce genre de choses. – Vous avez des projets? – Oui, un film canadien de science-fiction… Et un film anglais… – Votre premier rôle ? – À 12 ans à l’école dans Chantecler d’edmond Rostand, je jouais une poule… Une poule méchante j’aimais bien ça (rire sinistre).

Rowepower got a magic touch

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Cartier en or jaune, laque, péridots et onyx et montre La Panthère en or jaune, diamants, émeraudes et laque noire,
CARTIER.
Manteau en fausse fourrure, MARC JACOBS. Bague Panthère de Cartier en or jaune, laque, péridots et onyx et montre La Panthère en or jaune, diamants, émeraudes et laque noire, CARTIER.
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Bague Panthère de Cartier en or jaune, émeraudes, onyx et diamants, et bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, CARTIER. 62
T-shirt à manches longues et jupe en jersey, MARCIA. Bague Panthère de Cartier en or jaune, émeraudes, onyx et diamants, et bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, CARTIER. 62
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Collier Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, montre La
Panthère en or jaune, diamants, grenats tsavorites et laque noire, bracelet Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx et bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
Body en maille viscose et ceinture en cuir, ALAÏA. Pantalon en coton imprimé, MARC JACOBS. Collier Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, montre La Panthère en or jaune, diamants, grenats tsavorites et laque noire, bracelet Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx et bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
 ??  ?? Body en maille viscose, ALAÏA.
Collier Panthère de Cartier en or jaune, laque, diamants, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
Body en maille viscose, ALAÏA. Collier Panthère de Cartier en or jaune, laque, diamants, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
 ??  ?? Body en maille viscose, ALAÏA. Collier Panthère de Cartier en or gris rhodié, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
Body en maille viscose, ALAÏA. Collier Panthère de Cartier en or gris rhodié, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
 ??  ?? Ci-dessus : Pull et pantalon en maille jacquard, ceinture en cuir et lunettes de soleil en acétate, ALAÏA. Foulard en coton, MARC JACOBS. Collier Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, bague Panthère de Cartier en or jaune, émeraudes, onyx et diamants, bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx et montre La Panthère en or jaune, diamants, émeraudes et laque noire, CARTIER.
Page de droite : Débardeur et short en maille jacquard, Alaïa. Bracelet Panthère de Cartier en or gris, laque, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.
Ci-dessus : Pull et pantalon en maille jacquard, ceinture en cuir et lunettes de soleil en acétate, ALAÏA. Foulard en coton, MARC JACOBS. Collier Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx, bague Panthère de Cartier en or jaune, émeraudes, onyx et diamants, bague Panthère de Cartier en or jaune, grenats tsavorites et onyx et montre La Panthère en or jaune, diamants, émeraudes et laque noire, CARTIER. Page de droite : Débardeur et short en maille jacquard, Alaïa. Bracelet Panthère de Cartier en or gris, laque, grenats tsavorites et onyx, CARTIER.

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