L'officiel

Daguerréot­ypes

À l’opposé du maniérisme, piochant son génie dans la rue, ce printemps-été surfe sur la (Nouvelle) Vague Varda-demy.

- Par Mathilde Berthier

Si l’on pouvait vivre comme Agnès, chante aujourd’hui Vincent Delerm. Courir à plat de la rue Daguerre au boulevard Raspail. Bâtir des châteaux sur la plage de Monsieur Hulot, à Pornichet. Chantonner Michel Legrand en robe trapèze sous un soleil jaune citron. “Je n’ai jamais eu de problème d’inspiratio­n. Dès que je n’avais pas d’idée, je descendais dans la rue, j’allais vers les autres”, racontait la réalisatri­ce Agnès Varda dans une interview à Libération. À l’époque, la jeune génération abat les murs des studios de cinéma pour battre le pavé. Elle reconnecte la mode avec le quotidien, prône le plaisir simple de s’habiller. Le vêtement comme un jeu? La rumeur court encore, tant les créateurs du printemps-été 2020 invoquent la Nouvelle Vague. Chez Chanel, Virginie Viard s’en réclame ouvertemen­t : “Je voyais des silhouette­s marchant sur les toits. J’ai pensé à Kristen Stewart jouant Jean Seberg et à toutes les actrices que Gabrielle Chanel habillait à l’époque.” Parmi elles ? Feue Anna Karina, que Coco Chanel aura baptisée pour le septième art, et qu’agnès Varda aura filmée dans Cléo de 5 à 7. La frange folle, la jupe au-dessus du genou, le cardigan nonchalant et la Mary-jane vernie… Sous des dehors Paris “Campagne Première”, ce tableau couve une débauche d’idées nouvelles, une soif de vivre, un optimisme. Entre chasuble bonbon sous un imper’ de prof, jupe tartan pré-punk et chemisier bénitier, il y a du Demy chez le Miu Miu d’aujourd’hui.

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Silhouette Chanel printemps-été 2020.

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