L'officiel

la révélation Thomasin Mckenzie

Elle apporte un supplément d’âme aux gags provocateu­rs de Jojo Rabbit, la comédie dont tout le monde parle. Portrait de Thomasin Mckenzie, une jeune surdouée en pleine ascension.

- Par Julien Welter Jojo Rabbit, de Taika Waititi, avec Roman Griffin Davis, Thomasin Mckenzie, Scarlett Johansson… Sortie le 29 janvier 2020.

Imaginez une farce entre Chaplin et Mel Brooks dans laquelle un gamin de 10 ans, Jojo Rabbit, est un membre zélé des jeunesses hitlérienn­es dont l’ami imaginaire n’est autre que le Führer. Jojo va pourtant se lier d’amitié avec Elsa, une juive cachée dans son grenier, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Contre toute attente, Jojo Rabbit est une réussite. Cette satire du Néozélanda­is Taika Waititi allie l’humour, l’élégance et le coeur, notamment grâce au jeu de sa compatriot­e, Thomasin Mckenzie, dont le personnage d’elsa rend un hommage direct à Anne Frank : “Taika et moi, nous voulions qu’elle soit une victime qui, dans l’adversité, montre son courage et sa force. Je ne l’ai pas jouée de manière comique, tant son histoire est grave, mais le film cherche effectivem­ent à ridiculise­r le fascisme. En plus, on l’a tourné à Prague, dans des studios bâtis à l’origine pour servir de décors aux films de propagande nazie. La boucle est bouclée.”

À 19 ans, Thomasin Mckenzie possède à l’évidence une maturité qui s’explique par son appartenan­ce à une dynastie de comédiens qui lui ont appris à ne pas se faire trop d’illusions sur leur métier. Elle habite avec eux dans la grande demeure familiale de Wellington : “Au début, ce métier m’effrayait. Imaginez qu’à 91 ans, ma grand-mère avec qui je partage une aile de la maison continue de jouer !” De sa voix timide, Thomasin laisse pourtant filtrer une certaine force de caractère et un goût pour l’endurance. La preuve : la jeune comédienne qui, comme tous les acteurs dans son pays, a fait une apparition dans la trilogie du Hobbit, de Peter Jackson, et qui admire Jane Campion (elle a même tourné un court-métrage avec la fille de la cinéaste, Alice Englert), a enchaîné pas moins de quatre films très attendus cette année. Elle le doit à la réalisatri­ce Debra Granik, qui l’a révélée en 2018 dans Leave No Trace, où elle incarnait la fille d’un vétéran traumatisé d’irak. La dernière fois que cette cinéaste américaine a déniché une inconnue, c’était Jennifer Lawrence dans Winter’s Bone (2010). Le parallèle semble inévitable : “Sans Leave No Trace, je ne serais pas là devant vous. C’est d’autant plus gratifiant que c’est un film très calme, sans personnage­s antagonist­es ni effets spéciaux, où chacun essaie juste de faire de son mieux.” Après The King pour Netflix, une adaptation shakespear­ienne avec Timothée Chalamet, Robert Pattinson et Lily-rose Depp, on reverra Thomasin dans True History of the Kelly Gang, avec Nicholas Hoult, un western dédié au Jesse James australien Ned Kelly, auparavant incarné par Mick Jagger et Heath Ledger. Enfin, elle vient de terminer Last Night in Soho, un croisement entre Répulsion, de Roman Polanski, et Ne vous retournez pas, de Nicolas Roeg, avec Matt Smith et Anya Taylor-joy. C’est le moment ou jamais de faire un break pour cette fan de Miyazaki : “Je n’ai qu’un souhait maintenant, retourner dans le bush me promener avec mon caniche. Il s’appelle Totoro.”

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