L'officiel

le cow-boy de l’espace Honey Harper

Avec son premier album Starmaker, le cow-boy de l’espace Honey Harper réussit l’exploit de fusionner la country des seventies telle que la chantait Willie Nelson et l’ambient expériment­ale chère à Brian Eno.

- Par Virginie Beaulieu

Après le cow-boy masqué queer Orville Peck et ses ballades sensuelles en 2019, voici un nouveau venu qui prêche pour une country tout aussi décalée : Honey Harper. De son vrai nom William Fussell, ce blond platine porte le make-up à strass et le Stetson comme personne. Né en Géorgie dans le sud des États-unis, il grandit entre la Floride et Atlanta avant d’atterrir à Londres. Ses influences remontent à son enfance où il écoute la musique qu’aime son père, fan de country et imitateur d’elvis, sa mère qui préfère le disco et ses paillettes et les choeurs de l’église baptiste locale. Après avoir versé dans un premier temps dans la musique expériment­ale pop, il opère en 2017 un retour aux sources en écrivant des chansons qui ne pouvaient être que country, avec sa femme, Alana Pagnutti, une curatrice et spécialist­e de John Cage qu’il surnomme Bambi. Parmi les collaborat­eurs sur cet album, la crème de la pop électro inspirée avec Sébastien Tellier, Austra et John Kirby. Mais sa plus grande influence pour Starmaker est une chanson de Brian Eno, Weightless, une ballade instrument­ale en apesanteur enregistré­e au Canada en 1982 sur l’album Apollo (à l’origine conçu comme la bande originale d’un documentai­re d’avant-garde sur les missions sur la Lune). On retrouve donc dans la musique de Honey Harper ces deux éléments presque magiques : la fameuse pedal steel guitar et le synthétise­ur Yamaha DX7 des années 80. Son meilleur instrument n’en reste pas moins sa voix, rauque et caressante à la fois, dont il fait jouer les falsettos en acrobaties délicates à la manière du Brian Wilson de l’époque Beach Boys. Mais c’est évidemment à l’icône de la cosmic country Gram Parsons, aussi poète que rock star à la classe sidérante, qu’on pense surtout en écoutant Honey Harper. Comme Parsons, il épure ses textes pour les rendre universels, croise les genres avec bonheur et embrasse un psychédéli­sme onirique pour arriver à faire aimer la country à ceux qui ne sont pas fanatiques du genre. Lui-même décrit sa musique comme de la “glam country”, mais plus qu’à Ziggy Stardust ou à T-rex, ces ballades, véritables trips à la belle étoile sur la Route 66, mériteraie­nt l’étiquette plus stellaire de “space country”.

Album Starmaker de Honey Harper, sortie le 6 mars 2020 (PIAS).

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