Tendance : Blitz Kids
Mythifiés par le Londres underground des années 1980, le Nouveau Romantisme et son goût du costume refont surface à l’heure du politiquement correct.
Marie-antoinette catapultée sur le dancefloor du Blitz à Londres : voilà quarante ans que la mode y fantasme. Se poudrer de blanc de céruse à l’ombre d’une crête iroquoise, dérouler une lavallière sur un perfecto, glisser une crinoline sous sa minijupe… Des marées de minimalisme auront échoué à faire taire la volubilité des Nouveaux Romantiques. Cette saison, beaucoup y plongent ou y reviennent. Matty Bovan déploie de la toile parachute, du Liberty et de l’imprimé digital sur des paniers qui chancellent. Opératiques, des cascades de taffetas tombent sur des sweat-shirts et des slides & socks paillettées chez Dries Van Noten et Christian Lacroix. Le couturier français a subi de plein fouet l’influence du Nouveau Romantisme anglais. Quand il débutait dans les années 1980, l’anglaise Vivienne Westwood avait tout juste dévoilé sa révolutionnaire collection Pirate. La nuit venue dans les sous-sols de Covent Garden, Boy George, David Bowie et Marilyn croisaient des Blitz Kids de la Central Saint Martins en redingotes dansant sur de la synthpop. Pas trop rétro pour 2020? Hier comme aujourd’hui, les archétypes détournés des XVIIIE et XIXE siècles sont le point de départ d’une campagne d’expérimentation après des phases d’antimode. Élevés au bon grain du nihilisme contemporain, ces Nouveaux Romantiques ne se désengagent pas mais changent de moyens d’expression. La frivolité, rempart de choix face à l’austérité?