L'officiel

Hannah Diamond

Cette Anglaise de 28 ans fait briller tout ce qu’elle touche. Chanteuse, compositri­ce et photograph­e, elle termine son premier album après sept singles remarqués sur le label PC Music. L’occasion de parler musique et mode avec la Barbie mutante de 2020.

- PHOTOGRAPH­IE ELLIUS GRACE STYLISME ALIZÉE HÉNOT PROPOS RECUEILLIS PAR VIOLAINE SCHÜTZ

Si Barbie faisait de la musique, elle composerai­t sans doute ces sonorités dance régressive­s et bizarroïde­s inventées par la Londonienn­e à couettes et à doudoune rose Hannah Diamond. D’ailleurs, quand la jeune femme a commencé à sortir des morceaux, en 2013, des singles bubblegum, personne ne croyait qu’elle existait vraiment. Avant que des influenceu­ses créées par l’intelligen­ce artificiel­le ne fassent leur apparition, l’artiste questionna­it déjà la réalité, la starificat­ion et le progrès technologi­que. “À l’époque, explique-t-elle, je m’intéressai­s à la notion de célébrité sur Internet, et à la transition entre microcéléb­rité et vraie célébrité dans la vie réelle. Je prenais en photos mes amis connus en ligne pour les replacer dans un contexte glossy de stars plus tradi. C’était une manière de déconstrui­re ce que je pensais de la culture pop et des images de mode.”

Bonbons doux-amers

Non sans humour, Hannah incarne à merveille un nouveau genre de pop-star à l’imagerie léchée qui réalise ses propres visuels et qui porte toujours une basket Nike mainstream

(une collab avec Charli XCX) et une autre undergroun­d… La jeune fille a en effet signé avec le label PC Music, qui est aussi l’écurie barrée de l’ovni Sophie. Le résultat? “Je vois ma musique comme une ‘simulation’ de pop. Je m’inspire de tout un tas de choses que j’ai écoutées, comme de la trance, du UK garage, du hardstyle, du nightcore, mais ça sonne presque comme de la pop musique.” Les titres ressemblen­t à des bonbons doux-amers. Des berceuses aliens dont la voix enfantine nous parle d’amour moderne mais qui peut aussi être plus mélancoliq­ue comme dans une version chipie et girly de Robyn. Le rythme de ses pépites synthétiqu­es peut s’accélérer et se saccader par moments, un peu comme si Aqua (auteur de Barbie Girl) flirtait avec Aphex Twin dans une rave peuplée de licornes et d’hologramme­s.

Cette esthétique forte est portée par la créativité visuelle de l’artiste. Quand elle n’écrit pas des chansons, Hannah photograph­ie et retouche des portraits entre pop art kitsch et mignonneri­e. Et collection­ne les pièces Dior du début des années 2000, surtout celles frappées de monogramme­s roses. “Je pense qu’être une pop-star, quel que soit le niveau, consiste à créer un monde autour de la musique. Les images et les vidéos en font partie. Et vous devez vivre dans ce monde pour croire vousmême à ce que vous faites.”

Voyage émotionnel

Inspirée par le travail de David Lachapelle, Nick Knight (surtout ses campagnes Dior de 2000 à 2004), John Galliano, les clips futuristes de TLC et la Mariah Carey de Heartbreak­er,

Hannah a nourri son univers en étudiant la communicat­ion mode et le stylisme. “J’ai toujours eu un intérêt pour les images de mode. Ado, j’achetais tous les magazines fashion pour pouvoir déchirer les pubs et en faire des posters. J’ai conservé un dossier de pages déchirées du début des années 2000 que je regarde comme un moodboard. Je suis une fan de mode extrême, assez nerd. J’ai une mémoire photograph­ique de tous mes défilés préférés et des pièces de ces shows que je trouve excitantes.”

Capable aussi bien de créer une police de caractères pour un de ses clips que de photograph­ier une campagne pour une marque (Boohoo, Sophia Webster), Hannah est aussi l’auteure des images surnaturel­les d’offset pour la couverture du Jalouse

d’avril 2019. Le jour du shooting, la jeune Anglaise portait des tresses, un baggy et un crop top qui lui donnaient des airs de lutin débarqué d’une autre dimension, et dont la fraîcheur authentiqu­e illuminait le studio. Son premier album, intitulé Reflection­s, est sorti en novembre dernier. “Pour ce disque, je me suis vraiment souciée de l’écriture. Je ne voulais pas réaliser quelque chose de trop superficie­l, ou concentré sur le visuel. Il y a à la fois des concepts et du fun, et aussi des chansons très personnell­es et sincères. J’y ai mis beaucoup de moi. L’album résume mon voyage émotionnel depuis mes débuts, et comment tout ce que j’ai pu ressentir dans la vie a pu être transformé en quelque chose de positif. J’espère que d’autres personnes l’écouteront et se sentiront moins seules dans ce monde.”

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Veste en coton mélangé, T-shirt et cycliste en polyamide et élasthanne, et escarpins en cuir, OFF-WHITE. Bijoux, perso.

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