L'officiel

Art School Girlfriend

Derrière ce pseudo, l’artiste et productric­e anglaise Polly Mackey façonne une électro intimiste qui parle de désir et de désillusio­n. Portrait d’une tête chercheuse.

- PHOTOGRAPH­IE FLORENCE MANN STYLISME LAËTITIA MANNESSIER TEXTE NOÉMIE LECOQ

Assise sur une chaise au milieu d’un décor blanc, elle enlace tendrement son lévrier : l’image de profil Whatsapp de Polly Mackey, alias Art School Girlfriend, montre l’importance de son chien dans sa vie, comme le confirment les nombreuses photos de ces deux inséparabl­es sur la page Instagram de l’anglaise. “Il est allongé à côté de moi en ce moment-même, s’esclaffe-t-elle au bout du fil. À Margate, où nous vivons, je vais le promener sur la plage tous les jours, quelle que soit la météo, c’est primordial pour mon équilibre mental. Il m’oblige à sortir, à ne pas me replier sur moi-même. Il m’apporte énormément.”

Calme et introspect­ion

En parallèle de son rôle de maîtresse dévouée, Polly a un deuxième amour : la musique. En 2014, après la séparation du groupe Deaf Club, dont elle était la chanteuse et guitariste, elle quitte Londres pour se ressourcer à Margate, petite ville au bord de la mer qui devient de plus en plus un refuge arty pour Anglais en quête d’évasion. Outre ce changement de décor, Polly prend la décision de s’éloigner des guitares. “J’ai eu envie de me consacrer à la musique électroniq­ue. Je m’intéresse à la production depuis que je suis ado et j’adore le côté technique et le bidouillag­e. J’ai toujours été obsédée par les sons.”

Sous le nom d’art School Girlfriend, elle se fait repérer par le célèbre producteur Paul Epworth (Adele, Rihanna…), qui la signe sur son label (Wolf Tone) et sort son premier EP, Measures, en 2017. Après d’autres exploratio­ns, elle dévoile en janvier 2019 son deuxième EP, Into The Blue Hour, suivi en juin par Diving, un single ensorcelan­t. Portés par sa voix envoûtante, ses morceaux invitent à l’introspect­ion et au calme.

Les amateurs de Portishead, The XX, ou encore Everything But The Girl ne seront pas dépaysés par ces premières pépites, qui laissent présager du meilleur pour son premier album, en pleine préparatio­n. “J’ai une idée assez claire de ce que je veux créer. Cette année, j’ai connu plusieurs bouleverse­ments personnels, dont une rupture avec ma petite amie, donc j’ai pas mal de choses à exorciser, dit-elle dans un sourire. Sur mes deux premiers EP, je me sentais un peu perdue et je me suis servie de ces chansons pour démêler mes idées. Je crois que mon album sera plus direct, cette fois je sais exactement ce que j’ai envie d’exprimer.”

Transcende­r les doutes

Art School Girlfriend dégage une élégance naturelle, perceptibl­e dans sa musique comme dans son allure. “Au quotidien, je porte souvent une sorte d’uniforme composé d’un pantalon bleu ou noir et d’un T-shirt, commente-t-elle sobrement. Je ne mets pas souvent de maquillage. Pour moi, les sessions de photos peuvent donc être un peu intimidant­es, mais ça m’amuse aussi de porter des tenues irréelles. Pendant mon adolescenc­e, mes goûts en matière de mode étaient dictés par mes goûts musicaux, comme les Yeah Yeah Yeahs et tous ces rockeurs de l’époque en jeans skinny. Je suis très amie avec le styliste Daniel w. Fletcher. Nous avons débuté à la même période et avons été colocatair­es pendant deux ou trois ans. Il m’a déjà fait des vêtements de scène. J’aime bien l’idée de me transforme­r en une version plus grandiose de moi-même le temps d’un concert.” Transcende­r les doutes et les revers en quelque chose de beau et de grand : voilà exactement ce que la musique d’art School Girlfriend produit.

 ??  ?? Maillot de bain en laine mérinos, LUDOVIC DE SAINT SERNIN X SUNSPEL. Pantalon en tweed, CHANEL.
Bijoux, perso.
Maillot de bain en laine mérinos, LUDOVIC DE SAINT SERNIN X SUNSPEL. Pantalon en tweed, CHANEL. Bijoux, perso.

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