L'officiel

L’art de vivre de Mathilde Favier

Rencontre avec la directrice des relations publiques de la maison Dior qui nous raconte son nouvel intérieur parisien.

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Mathilde Favier : La mode est dans mon ADN. C’est sans doute la raison pour laquelle je me suis toujours sentie très confortabl­e dans ce milieu tout en gardant un immense recul. Lorsque vous avez été à l’école de Karl Lagerfeld, à travers mon oncle qui a dirigé le studio de Chanel pendant dix-sept ans, vous ne pouvez pas faire autrement que de regarder le théâtre de la mode avec beaucoup d’humour et de légèreté. Personne ne m’a jamais impression­née, et j’ai toujours eu le répondant nécessaire, je me suis toujours sentie à l’aise sans être trop naïve.

J’ai eu la chance d’être élevée par une mère infiniment raffinée, très originale, curieuse de tout et bourrée de charme. Mon oncle Gilles Dufour a eu son importance lui aussi, c’est un homme de goût ultra chic avec une vision charmante et fraîche de la jeune fille que j’étais.

J’ai donc grandi comme cela. Par la suite, je me suis beaucoup inspiré des maisons merveilleu­ses dans lesquelles j’ai été invitée et de leurs maîtres de maison. Je garde de très beaux souvenirs de la villa de la Reine Jeanne dans le Midi, dans laquelle j’étais reçue toute petite par Paul-louis Weiller, mais aussi de la confection des nappes en papier commandées par Marie-hélène de Rothschild à l’hôtel Lambert, la maison de Giovanni Volpi à la Giudecca à Venise où je me suis mariée, les nombreux week-ends et vacances avec Lee Radziwill, les dîners intimes chez Cristiana Brandolini, le thé chez Madeleine Castaing, les dîners du dimanche soir chez François-xavier et Claude Lalanne… cela laisse forcément des traces!

Ce que j’aime dans ce métier, ce sont les gens, je les aime vraiment et je les observe. La race humaine est terrifiant­e certes, mais elle me fascine.

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Féminine, avec tout ce que cela comporte de masculin.

Ma Française à moi est une femme libre. Elle ne fait pas exprès. Elle est un doux paradoxe. Réservée mais audacieuse. Elle ose!

Ma maison correspond à une nouvelle phase de ma vie. J’ai 50 ans, mes enfants ont quitté la maison, je suis amoureuse. Je sais enfin qui je suis et mon décor en est la traduction.

C’est une dualité chez moi. Je suis terribleme­nt parisienne et en même temps, j’ai déjà presque fait le tour du monde. Voyager a été très longtemps une nécessité même si c’est moins le cas à présent car le confinemen­t a fait que… Tous ces imprimés et ces mélanges de tissus et de couleurs sont le témoignage de la beauté du monde. Je ne me lasse pas de l’artisanat en règle générale, c’est ce qui m’attire en premier lorsque je visite un pays, des vêtements aux objets.

Je les admire tous. C’est un métier complexe et délicat qui nécessite une grande psychologi­e. Jacques Grange m’a énormément appris. Madeleine Castaing aussi.

J’admire beaucoup le travail d’india Mahdavi, et celui de Caroline Sarkozy qui sont des femmes de goût.

Et j’ai une affection particuliè­re pour mon amie Brenda Altmayer avec qui je me suis beaucoup amusée pour r(e)décorer ma maison.

Sans doute les pieds et mains de mes enfants sculptés par Claude Lalanne lorsqu’ils étaient nouveaux-nés. Ils sentent encore mes nourrisson­s.

Je n’ai pas d’idéal. C’est trop fatigant.

Ma passion, c’est de recevoir des gens que j’apprécie. Qu’ils se rencontren­t, qu’ils passent un bon moment et qu’ils s’apprécient à leur tour. Cela se passe forcément autour d’un bon repas – j’adore cuisiner – et d’une jolie table. J’insiste sur le fait que l’art de la table, pour moi, ce n’est pas une histoire d’assiettes. La réussite d’un dîner c’est avant tout l’alchimie qui va s’opérer entre ces gens. Le reste n’est qu’un décor.

C’est essentiel. Si je ne suis pas bien avec moi-même alors je ne peux rien donner à personne. Et si c’est le cas, je suis malheureus­e… alors oui, je prends beaucoup de plaisir à bien vieillir.

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