L'officiel

FIRST NOT LAST

Des mannequins noirs ont façonné le parcours de “L’OFFICIEL”, mais leur histoire est souvent restée dans l’ombre. Faisons ici la lumière sur leur héritage dans la mode et au-delà.

- texte piper mcdonald & tori nergaard

Avant Adut Akech, Chanel Iman, Naomi Campbell ou même Grace Jones, plusieurs mannequins de couleur ont ouvert la voie, brisant des barrières raciales établies de longue date. Vers la fin des années 60, le vent culturel tourne, et des visages plus divers prennent la place qui leur est due dans les médias. Bien que la popularité de l’artiste iconique Josephine Baker ait été célébrée maintes fois dans les pages de L’officiel, ce n’est qu’à partir de 1969, quand Sandi Collins commence à travailler pour le magazine, que des mannequins noirs figurent régulièrem­ent dans ses éditos. En dépit du tournant que son travail – et celui d’autres pionnières de couleur – a représenté, le nom de Sandi Collins est généraleme­nt absent de l’histoire de la mode.

En juin 1970, Sandi entre dans l’histoire comme le premier mannequin de couleur en couverture de L’officiel. Portant un maillot de bain signé Courrèges, elle est photograph­iée par

Roland Bianchini, fréquent contribute­ur du magazine, au côté d’un mannequin blanc. Cette couverture arrive dans un contexte chargé. En 1965, aux États-unis, la publicatio­n d’une série du mannequin noir Donyale Luna photograph­ié par Richard Avedon pour Harper’s Bazaar avait engendré un tollé à la suite duquel des annonceurs du Sud avaient annulé leurs achats publicitai­res. Donyale Luna ne parut plus dans les pages de ce magazine – un oukase du propriétai­re de la publicatio­n, William Randolph Hearst, en réaction à la désapproba­tion des racistes – et mourut prématurém­ent en 1979. Cela illustre bien les obstacles auxquels devaient faire face les mannequins noirs pour faire des séries ou parcourir les catwalks.

Sandi Collins devient pourtant un des premiers modèles haute couture noirs, et la première non-blanche à figurer régulièrem­ent dans les éditos de L’officiel. Elle est fréquemmen­t choisie par Paco

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