Protection maximale pour la vallée du Bec
La vallée du Bec-Hellouin fait maintenant officiellement partie des 2700 sites classés en France. L’État veut protéger cet endroit pittoresque formé par l’écrin paysager autour de l’abbaye. Huit communes au total sont concernées par le périmètre.
La bonne nouvelle a surpris le préfet de l’Eure. Et Simon Babre en sourit : il n’avait pas reçu de préavis du ministère pour l’avertir de la parution au Journal officiel dimanche 21 avril du décret plaçant la vallée du Bec parmi les sites classés du département. Le 21 avril, jour de la Saint-Anselme, cette publication ressemblait à un clin d’oeil à Anselme de Cantorbery, cet enseignant puis abbé du Bec, nommé par la suite archevêque, qui a contribué au XIe siècle à faire de l’abbaye un haut lieu de la pensée théologique.
Jeudi 25 avril, lors d’une conférence de presse organisée à la hâte, le préfet a tenu à saluer l’épilogue d’une oeuvre « de longue haleine », les premières démarches de classement de la vallée du Bec remontant à 1976. La construction de l’autoroute A28 au début des années 2000 a ensuite incité les autorités à renforcer l’attention portée au site, en raison des risques d’urbanisation qu’un tel équipement pouvait engendrer.
Une oeuvre de longue haleine
De propositions en études, il a fallu attendre 2021 pour voir la procédure quitter l’échelon régional et l’administration centrale commencer à instruire le dossier, jusqu’au point final en 2024. « Le classement, c’est le plus haut degré de protection que notre droit connaisse pour des paysages et du bâti, des bois et des forêts », souligne Simon Babre.
Tout lieu classé présente un caractère exceptionnel. Au BecHellouin, il s’agit de préserver au maximum les massifs boisés de feuillus de la vallée, qui en forgent l’identité et l’atmosphère, ainsi que les prairies, traversées par le ruisseau, et l’architecture traditionnelle. « Nous sommes dans un écrin paysager de très grande valeur esthétique et historique », confirme Philippe Surville, chef du bureau des sites et paysages à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Normandie. Le périmètre a été « longtemps étudié », ajoute-til. En plus du Bec-Hellouin, sept communes sont concernées, soit plus de 1300 hectares : SaintPaul-de-Fourques, La Neuvilledu-Bosc, Pont-Authou, Malleville-sur-le-Bec,
Calleville, La Haye-de-Calleville et Bosrobert. « Le périmètre s’appuie sur les limites naturelles, c’est-à-dire les sommets des coteaux boisés qui entourent l’ensemble de la vallée, puisqu’on est en covisibilité avec l’abbaye», précise l’expert.
Alors que le classement est désormais officiel, « les maires sont nos alliés essentiels», déclare le préfet de l’Eure. Trois conseils municipaux s’étaient toutefois prononcés contre le projet de l’État en 2016 (Malleville-sur-le-Bec, Bosrobert et La Neuville-du-Bosc). L’édile du Bec-Hellouin, lui, était un fervent partisan de cette procédure dont il se félicite de l’aboutissement. « Nous transmettrons demain le charme de la vallée aux générations futures», approuve Pascal Finet. Nouvellement élu à la tête du village de Bosrobert, Jérôme Breemeersch, s’il dit se réjouir lui aussi, fait part tout de même « des inquiétudes pour les communes voisines», en craignant de voir des projets devenir « beaucoup plus longs et compliqués ».