La Dépêche Évreux

Deux voleurs condamnés cinq ans après

Deux hommes sont passés devant le tribunal cinq ans après une série de vols près d’Évreux. Le préjudice total pour les commerces visités dépasse les 100 000 €.

- • Cyrill Roy

ÉVREUX

De l’eau a coulé sous les ponts depuis cette série de vols par effraction dans les environs d’Évreux, entre août et octobre 2019. En quasiment cinq ans, Rivaldo et Said, qui comparaiss­ent ce mardi 7 mai 2024 pour ces faits, ont vu leur casier judiciaire gonfler. Surtout pour le second, qui purge une peine à la prison des Baumettes à Marseille et qui a été mis en examen pour assassinat.

256 objets volés à Boulanger

Said, 30 ans, est poursuivi pour sept vols, tandis que Rivaldo, 28 ans, est poursuivi pour quatre d’entre eux. Les premiers faits sont commis le 13 août 2019 à l’Intermarch­é de Beuzeville. Puis, le 17 août, les voleurs, cagoulés dans chacune des affaires, se rendent à l’Intermarch­é de La Bonneville-sur-Iton. Plus de 200 bouteilles d’alcool, entre autres, sont dérobées, mais les voleurs ne parviennen­t pas à accéder au coffre-fort.

Le lendemain, c’est le magasin Boulanger de la zone Carrefour de Guichainvi­lle qui est victime. Un groupe de trois personnes — deux voleurs et un complice près de la voiture — s’introduit dans le commerce et repart avec du matériel high-tech : tablettes, portables, caques… Au total, ce sont 256 objets qui manqueront à l’inventaire le lendemain pour près de 109 000 € de préjudice. Si le magasin était protégé, le vigile qui s’est rendu sur place après le déclenchem­ent de l’alarme et des fumées n’a pas jugé bon de sortir de son véhicule pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur…

Pied de biche bleu et gants rouges

Le groupe fait une pause avant de reprendre son activité au Carrefour Market de Nonancourt le 13 octobre, avec le vol de canettes et de numéraires, puis au Sport 2000 de Conchesen-Ouche, où sont subtilisés des vêtements. Seul Said est poursuivi dans ces deux cas.

Enfin, la nuit du 29 octobre, Said et Rivaldo sont soupçonnés d’avoir agi à Holly’s Diner (5000 € dérobés) et Memphis, (2 500 €) deux enseignes de restaurati­on situées à la sortie Est d’Évreux.

Les deux amis sont interpellé­s peu de temps après ces derniers faits, alors qu’ils commettent des vols dans un train dans Les Bouches-du-Rhône. Certains objets retrouvés sur eux, comme une cagoule et des gants rouges, permettent de remonter de manière plus ou moins directe jusqu’aux différents vols commis.

Parmi les éléments notables, le président d’audience Wladis Blacque Belair note « un mode

opératoire redondant ». Ainsi, sur la quasi-totalité des lieux, un pied de biche bleu est repéré sur les images de vidéosurve­illance. Les traces de peinture retrouvées ne laissent aucun doute : le même outil a été utilisé à chaque fois. Les enquêteurs repèrent trois véhicules régulièrem­ent présents sur les lieux : une BMW, un Renault Master et une Audi A3. Les enquêteurs se basent également sur les bornages de téléphones à proximité des lieux et sur les images des caméras pour estimer les mensuratio­ns des voleurs, qui correspond­ent avec celles des deux personnes présentes à l’audience.

« Une enquête un peu fourre-tout »

Les éléments seraient donc suffisants pour déterminer qu’il y a « un noyau commun d’auteurs », souligne le magistrat. Le substitut du procureur Théo Touzeau estime également qu’il est « évident que ces sept faits de vols sont commis par la même équipe». Il requiert tout de même la relaxe pour trois délits à l’attention de Said, au bénéfice du doute.

Son ADN ayant été retrouvé sur certains lieux, Rivaldo reconnaît trois des quatre vols qu’on lui impute. Pour le vol de l’Intermarch­é de La Bonneville, son avocate, Me Mazier, insiste sur le manque d’éléments. « Vous ne pouvez pas être absolument certains qu’il a commis ces faits. Il n’a pas fait parler de lui depuis cinq ans et a fait le choix de s’extraire de la délinquanc­e. » Celle qui demande « une peine tournée vers l’avenir » ne sera pas entendue : Rivaldo sera condamné à 24 mois de prison, dont douze avec sursis. Ayant déjà purgé quatre mois, il devra en passer huit sous bracelet électroniq­ue et doit rembourser près de 61 000 € à Boulanger (montant du préjudice calculé après la prise en charge par les assurances).

Said, lui, ne reconnaît qu’un délit sur les sept. « Quand je vole, j’assume », assure-t-il. Son conseil, Me Pépin, décrit « une enquête un peu fourre-tout » et demande « une peine raisonnabl­e ». Said sera reconnu coupable pour trois vols et condamné à 18 mois de prison ferme, peine qui s’ajoute à celle qu’il purge déjà.

■ Les condamnati­ons en première instance ne sont pas définitive­s puisque susceptibl­es d’appel. Jusqu’à la condamnati­on définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

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