La Dépêche Évreux

«C’est profondéme­nt désolant, mais tellement prévisible»

L’ex-président de l’ALM Évreux Basket, débarqué par Guy Lefrand au profit de Patrick Roussel, necachait pas son amertume après la défaite couperet de son club de coeur à Gries, vendredi dernier. Et ses regrets de nepas avoir été écouté…

- • Philippe Guinchard

Joint en début de semaine, André Rostol riait moins qu’à son habitude. Marqué par la descente de l’ALM, officialis­ée après son 23e revers de la saison, vendredi dernier en Alsace, celui qui a connu la dernière finale d’Évreux en 2016 pour accéder alors en Pro A, ne parvenait pas à admettre que son ancien club allait cette fois-ci reculer et rejoindre le giron nébuleux de la Nationale 1 fédérale.

« C’est terrible. Je n’arrive pas à y croire. C’est profondéme­nt désolant, mais tellement prévisible aussi. Je sais aussi que j’ai souvent tiré la sonnette d’alarme. Déjà à l’époque, quand le club vivait bien et avait conservé ses valeurs familiales. Mais aussi plus récemment, quand Patrick Roussel me parlait encore… »

Désormais snobé par un président décrié de toute part (« il ne me dit même plus bonjour ! »), André Rostol avait notamment alerté son successeur des dangers d’un éventuel passage en SAOS (société anonyme à objet sportif), engendrant un détachemen­t sensible avec le soutien de la ville et des partenaire­s institutio­nnels.

«À Évreux, on n’a pas les moyens ni beaucoup de partenaire­s privés suffisamme­nt costauds pour permettre cela. On n’a pas non plus un outil qui attire les sponsors, on le sait tous ! On nous annonce une nouvelle salle depuis de nombreuses années, mais pas plus Michel Champredon que Guy Lefrand, malgré ses promesses répétées sous mon mandat, n’ont été capables de lancer les travaux. »

Le jovial Martiniqua­is est déçu. Pour le club, mais aussi pour les supporters d’Évreux.

« On est dans une ville où il se passe peu de choses. Mais toutes les deux semaines, il y a 2000 personnes qui viennent supporter l’ALM dans notre vieux centre omnisports. Même quand elle perd, comme cette saison. C’est la sortie du weekend. Mais quand des villes comme Chartres, Le Portel ou Blois construise­nt une salle moderne, nous, on rafistole comme on peut. Et on fait des box VIP au milieu des gradins… »

L’ALM attend toujours sa nouvelle salle

« Guy Lefrand est fautif, lui aussi »

André Rostol le dit ouvertemen­t : «Guy Lefrand est fautif, lui aussi. Il a tenu à m’écarter pour placer Patrick Roussel à ma place. C’est vrai qu’en faisant venir Neno (Asceric), l’ALM a gagné une Leaders Cup en Pro B. Mais à quel prix ? On sait aujourd’hui que les finances ne sont pas bonnes du tout. »

En plus, contrairem­ent à tous ses prédécesse­urs, de JeanLouis Dumora à André Rostol, en passant par Jean-Pierre

Vendeville et Jean-Paul Ruiz, le président en place n’injecterai­t pas d’argent personnel dans le club. Et très très peu par le biais de son entreprise.

« Être président, ça implique des choses. Et ça peut difficilem­ent marcher comme ça », explique André Rostol. Lui qui, bon an, mal an, apportait environ 30000 € par saison à l’ALM. Et qui invitait généreusem­ent avec ses deniers personnels. Et non avec la carte bancaire du club…

Pour solutionne­r les manques financiers de l’ALM Évreux Basket,

André Rostol avait envisagé un rapprochem­ent avec le voisin rouennais. « Faute de salle, il aurait peut-être fallu en passer par là. Un peu comme l’ont fait Reims et Châlonsen-Champagne. Ou Gries et Soufflewey­ersheim en Alsace. On avait commencé à travailler là-dessus avec Elsa (Toffin-Danflous, alors directrice du club). Mais le maire n’a rien voulu entendre. »

Aujourd’hui, la priorité de l’ancien président est toutefois ailleurs.

« Il faut déjà reconstrui­re notre club. Lui redonner des valeurs humaines. Et repartir sur des bases bien plus saines. » CQFD.

« Repartir sur des bases saines »

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