La Dépêche Louviers

«Il n’y a pas d’avenir pour les trisomique­s en Algérie» : ils sont venus en France pour leur fille

Hacene et Taous sont partis d’Algérie avec leurs cinq enfants dans l’espoir de proposer un avenir meilleur à leur dernière fille, Taline, âgée de 18 mois et trisomique.

- • C. R

La vie de Hacene, Taous et leurs quatre enfants a basculé en 2022, à la naissance de Taline, la petite dernière. Trisomique et atteinte d’une cataracte qui l’a rendue aveugle, elle n’est pas partie avec toutes les chances de son côté. La famille algérienne se souvient «du choc et de la douleur», deux jours après l’accoucheme­nt, quand ils ont pris connaissan­ce du handicap de leur fille. «J’ai appelé ma soeur pour demander ce que ça voulait dire » rejoue la mère. « En Algérie, il n’y a pas d’avenir pour les trisomique­s. Il n’y a pas de centre ni même de médecin pour s’en occuper », ajoute le père. Le sujet est quasiment tabou, les enfants handicapés terminant dans la rue lorsqu’ils ne se retrouvent pas exploités.

Alors que Taline était âgée de 16 mois, en décembre 2023, le couple a pris une décision dont nul ne peut dire, aujourd’hui, s’il s’agit de la bonne. Après en avoir parlé à leurs enfants de 15 et 10 ans et à leurs jumeaux de 13 ans, ils ont tout plaqué pour rejoindre la France, un pays dans lequel ils ont de la famille et dont ils connaissen­t la langue. « C’est comme si on s’était jeté dans l’océan », précise Taous. « Les enfants ont accepté de tout laisser. Ils ont du courage. »

Bientôt à la rue

La famille a obtenu sept visas touristiqu­es et a pris un vol pour l’Espagne. Un choix qui s’est imposé naturellem­ent : « La famille, être parent, c’est notre priorité. C’est sacré », assurent ceux qui espèrent construire un avenir pour leurs enfants.

Arrivés en Espagne juste avant Noël, ils se sont fait voler une sacoche contenant leurs économies en gare de Barcelone Nord. Ils ont passé la nuit dehors en attendant de prendre un bus direction Paris. Là-bas, ils ont pu rejoindre le frère jumeau de Hacene et vivre chez lui quelques jours. Ce dernier ne pouvant accueillir une famille de sept personnes plus longtemps et vivant une situation tendue au sein de son couple, Hacen et Taous sont partis. Ils se sont appuyés sur le bouche-à-oreille dans les diasporas algérienne­s et marocaines pour trouver un logement dans un appartemen­t du centre d’Évreux. Une sous-location pour laquelle ils ont payé 600 € le mois et où le chauffage et l’eau chaude ne fonctionne­nt pas. Un repos de courte durée puisque le 8 février, ils se retrouvero­nt à la rue.

La famille a fait le tour des associatio­ns pour trouver de quoi se nourrir, ainsi qu’une aide administra­tive. Hacene souhaite travailler, mais ne peut pas décrocher — légalement — de travail sans papier. Surtout, le couple cherche à obtenir des soins pour Taline. Ils ont déjà obtenu un rendez-vous avec la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de la rue GeorgesBer­nard.

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