Maurice Pons et l’Algérie : un écrivain engagé
Mardi 19 mars 2024, le Pôle archives Seine-Eure et le lycée Marc-Bloch de Val-de-Reuil proposent une journée dédiée à la guerre d’Algérie, mais aussi de l’engagement de l’écrivain Maurice Pons durant ce conflit.
En 1957, Maurice Pons s’installe au Moulin d’Andé, après avoir parcouru toute l’Europe et jusqu’au Brésil avec la troupe théâtrale des Théophiliens. Journaliste, critique d’art, il a déjà publié deux romans et surtout Virginales, recueil de nouvelles dont une, Les Mistons, est adaptée en court-métrage par François Truffaut en 1957.
En 1958, l’écrivain publie Le Cordonnier Aristote, réédité en 1992 sous le titre Embuscade à Palestro. Il y relate la prise de conscience d’un jeune romancier qui découvre peu à peu la réalité de la guerre d’Algérie et de son impact sur la société française, depuis les attentats de novembre 1954 et l’envoi du contingent au printemps 1956.
Du Passager de la nuit au Manifeste des 121
Au printemps 1960, Maurice Pons publie Le Passager de la nuit. Ce court roman narre le voyage d’un journaliste naïf qui traverse la France en voiture en compagnie d’un passager singulier, dont il découvre peu à peu l’implication au sein du Front de libération nationale algérien (FLN). L’ouvrage évite de peu la censure, mais circule largement dans les milieux proches de la résistance algérienne.
Le 6 septembre 1960 paraît dans le magazine Vérité-Liberté une déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, plus connue sous le nom de Manifeste des 121. Ils sont en effet 121 intellectuels, artistes et universitaires, dont Maurice Pons, à dénoncer publiquement leur opposition à la guerre d’Algérie et à l’usage de la torture, alors même que s’ouvre le procès du réseau de Francis Jeanson. Ses membres apportent un soutien actif au FLN en France et de nombreux intellectuels, dont Maurice Pons ou encore Jean-Paul Sartre, sont cités à comparaître devant le tribunal militaire de Paris.
1962 et après
Enfin, en 1962, le romancier est coscénariste du film de Robert Enrico, La Belle vie. Celuici retrace l’histoire d’un jeune homme qui revient en France après 27 mois de service en Algérie. Toutefois, bien qu’ayant été rendu à une vie civile insouciante, il sera rappelé sous les drapeaux. Prix Jean-Vigo en 1963, il sera cependant censuré et interdit en France durant deux ans.
À la fin de la guerre, Maurice Pons gardera des liens forts avec l’Algérie et plusieurs acteurs de l’indépendance. En 1992, il accompagnera ainsi lors de son retour d’exil Ahmed ben Bella, rencontré alors qu’ils manifestaient ensemble à Alger trente ans plus tôt.
Mémoire à Val-de-Reuil
En 2020, le Pôle archives Seine-Eure a reçu en don les archives de Maurice Pons, qui traitent aussi bien de sa vie privée que de ses multiples activités littéraires et de ses engagements politiques et philosophiques. C’est à l’occasion de leur classement qu’est née l’idée d’organiser mardi 19 mars 2024 une journée dédiée aux mémoires de la guerre d’Algérie et de l’engagement d’intellectuels tels que Maurice Pons, en partenariat avec le lycée Marc-Bloch de Val-de-Reuil.
Le matin, dès 8 h 30, à la Maison de la jeunesse et des associations de Val-de-Reuil, une table ronde sera organisée avec le concours de l’Office national des anciens combattants : elle réunira pour un retour d’expérience quatre protagonistes de tous bords.
Elle sera suivie d’un débat entre Brahim Oumansour, directeur de l’Observatoire du Maghreb à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et Jean-Yves Autexier, ancien parlementaire et ancien secrétaire général de l’association France-Algérie, qui aborderont les suites de la guerre d’Algérie.
Le soir, à partir de 19h30, le théâtre du Moulin d’Andé accueillera une adaptation théâtralisée du Passager de la nuit. La représentation sera précédée d’une intervention de
Kathleen Gyssels, professeure à l’Université d’Anvers, sur les fictions insoumises, abordées au travers des oeuvres de Maurice Pons, Georges Perec et André Schwarz-Bart, tous trois fervents adeptes du Moulin.
Ces deux temps forts sont accessibles gratuitement, sur réservation préalable :
· Pour le matin : archives@seine-eure.com
· Pour le soir : Moulin@ moulinande.asso.fr
Pour plus de renseignements : 02.32.50.86.36
Enfin, pour clore ce cycle consacrée à la guerre d’Algérie, le jeudi 18 avril à 19h, l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire du Maghreb contemporain, proposera une conférence à la Maison de la jeunesse et des associations de Val-de-Reuil.
Pôle archives Seine-Eure
■ Régulièrement, retrouvez un article rédigé en partenariat avec les Archives de l’Agglomération Seine-Eure. Objectif : mettre en valeur les trésors des archives au travers d’histoires et d’anecdotes locales qui éclairent des événements de notre passé.