La Dépêche Louviers

«Il n’y a rien de plus beau que la transmissi­on»

- Invité d’honneur •

Alain Baraton est une figure emblématiq­ue du monde du jardinage. Depuis 1982, il occupe le prestigieu­x poste de jardinier en chef du domaine national de Trianon et du parc du château de Versailles. Outre ses responsabi­lités au sein de ces domaines historique­s, c’est également un écrivain.

Pourquoi avez-vous accepté d’être l’invité d’honneur du Salon du livre?

J’aime bien l’idée de rencontrer des lecteurs. Vous savez moi j’ai un petit souci : je suis surtout connu pour la radio et souvent les gens me disent qu’ils ne me connaissen­t pas de visage, donc ils aiment bien me voir. Ils voient donc un visage sur une voix qu’ils connaissen­t, et moi à l’inverse j’aime bien voir les gens qui m’écoutent. Et aussi et surtout pour retrouver Gilles Laporte qui a écrit un livre que j’ai eu l’honneur de préfacer!

Pouvez-vous nous parler davantage de votre dernier ouvrage ?

Mon tout dernier ouvrage, c’est le livre de la rose, sorti il y a un an. C’est un livre que j’ai voulu écrire parce que je me suis rendu compte que la rose était la seule plante dans le jardin qui avait 3 particular­ités. La première : La fleur. On ne peut pas s’empêcher quand on voit une rose d’approcher son nez et de sentir son parfum. La deuxième, c’est que le rosier est le seul arbuste dont on guette la fleuraison. Et puis la troisième raison, c’est qu’il y a entre le citoyen, le jardinier et le rosier une véritable histoire d’amour. Et je constate que quand vous avez chez vous un rosier, vous ne dites pas «mon rosier», vous l’appelez par son nom. Et si vous avez, par exemple, un pierre de Ronsard. Vous direz que votre «Pierre de Ronsard est très beau en ce moment». C’est pour ça que j’ai voulu parler du rosier.

Comment votre passion pour le jardinage a-t-elle influencé votre carrière d’écrivain ?

Simplement, l’envie de transmettr­e ce que j’ai appris. Je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que la transmissi­on. Je suis à Versailles depuis maintenant 46 ans, donc une éternité, et je me suis rendu compte que les visiteurs aimaient bien savoir l’histoire d’une plante, d’un arbre, l’histoire des jardins. Et finalement avec cette ancienneté j’étais l’un des mieux placés pour en parler et j’ai pris conscience de l’intérêt de transmettr­e son savoir, de donner envie de faire mon métier qui est à mes yeux le plus beau des métiers.

Envisagez-vous d’explorer d’autres domaines littéraire­s à l’avenir ?

Je suis très prudent, car mon domaine à moi, c’est Versailles et ce sont les arbres. Je me rappelle de Jean Tulard, grand spécialist­e de Napoléon qui a écrit un roman policier. Il s’est pris ce qu’on appelle un râteau. Mais pourquoi pas. Ça m’arrive de réfléchir à une histoire, mais pour le moment j’ai tellement de choses à écrire sur mon métier que je préfère rester dans ce que je fais.

Comment votre approche du jardinage a t-elle évolué au fil des années? Avezvous observé des tendances et des changement­s?

Je dis toujours qu’un jardinier est une personne qui doit faire preuve de patience et avoir le sens de l’observatio­n. Donc, quand je suis arrivé dans les jardins, j’étais un peu fougueux et je ne savais pas tenir compte de ça. Depuis j’observe, je fais preuve de patience et effectivem­ent j’ai changé la manière de faire. On est aussi très en avance sur ce qui se fait aujourd’hui. Nous avons été précurseur­s en matière d’environnem­ent. Nous ne suivons pas les modes, nous faisons en sorte de les créer. Donc on est moderne, on emploie des outils informatiq­ues de notre époque tout en gardant des gestes anciens. C’est un mélange de modernité et d’ancien.

Qu’espérez-vous apporter au Salon du livre et quelles sont vos attentes?

De la bonne humeur par ce que je crois que c’est important à l’époque morose qui est la nôtre. Mais aussi de l’honnêteté, de parler aux gens sans langue de bois. Répondre à toutes les questions qui se posent sur mon métier, sur Versailles, sur l’horticultu­re. Ce que j’espère, c’est échanger des regards, des sourires. Quand on a mon ancienneté et qu’on rencontre des gens jeunes et moins jeunes. Quand on rencontre des mamies qui viennent vous montrer des photos de leurs jardins avec fierté. Quand je rencontre de jeunes garçons qui ont 14-15 ans et qui rêvent de devenir comme moi, jardinier. C’est du bonheur. Donc c’est pour ça que je suis heureux d’y aller, j’espère que je vais apporter autant de bonheur que moi même je vais en recevoir.

Quels sont vos projets pour l’avenir?

De poursuivre encore quelque temps à Versailles avant d’être dans l’obligation de faire valoir mes droits à la retraite et puis j’ai l’intention d’écrire d’autres ouvrages pour toujours partager ma passion du jardin de l’histoire et de l’écriture.

Propos recueillis par Léane Colin

■ Festival du livre de La Saussaye dimanche 17 mars de 10 h à 18 h. Gymnase de La Saussaye, rue Gustave Hue. 80 auteurs présents. Entrée gratuite.

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