Cette infirmière et ses collègues craignent pour leurs emplois, patients et médecins sont inquiets
La santé dans l’Eure, premier désert médical de l’Hexagone, pourrait bien connaître un nouveau coup dur. Faute de financements, les infirmières du réseau Asalée, qui participent à l’accompagnement des patients, pourraient devoir plier bagage.
Cela pourrait bien être un nouveau coup dur dans le domaine de la santé et pour les médecins généralistes du territoire déjà surchargés du fait de la désertification médicale. Dans le canton de Gaillon, les trois infirmières membres du réseau associatif Asalée (Action de santé libérale en équipe) qui oeuvrent, pour deux d’entre elles à la maison de santé pluridisciplinaire Jean-Luc-Recher et pour la dernière au centre de santé communal de Courcelles-sur-Seine pourraient bien devoir quitter les locaux début avril.
En effet, l’association qui emploie 2 080 infirmiers et infirmières formés pour seconder les médecins dans l’accompagnement de patients atteints de pathologies chroniques, est en conflit avec la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) au sujet du renouvellement de la convention entre l’organisme et Asalée.
Rencontre décisive le 3 avril
Une rencontre est prévue mercredi 3 avril afin de trouver un accord concernant les conditions de la convention et notamment le financement de l’association. « Si aucun accord n’est trouvé, l’association se retrouvera en liquidation judiciaire faute de fonds propres et nous serons mis à la porte alors que les patients comme les médecins disent qu’ils ont besoin de nous », s’inquiète Angélique Hérelle, infirmière qui accompagne les patients du Dr Lukali à Courcelles-sur-Seine, une partie de la semaine, et ceux du Dr Mauboussin, président du conseil départemental de l’Ordre, à Normanville.
Le conflit entre la CNAM et l’association créée en 2004 a démarré en fin d’année dernière lorsque l’Assurance maladie a souhaité revoir la convention qui lie l’organisme d’État avec Asalée. « Depuis, la CNAM fait du chantage au salaire pour faire pression, mais cela comporte des risques pour nos patients », craint Angélique Hérelle.
Accompagnement complémentaire
Une situation incompréhensible selon l’infirmière qui reçoit régulièrement une quarantaine de patients à Courcelles-surSeine alors qu’elle a démarré son activité l’an passé, lorsque ses deux collègues gaillonnaises, implantées de longue date, en ont accueilli 500 sur l’année dernière. « Nous proposons un accompagnement médical qui associe pleinement le patient. Les consultations durent en moyenne 50 minutes. Ce qui permet de donner plus d’attention au patient, de mieux lui expliquer son traitement et parfois de faire un diagnostic plus approfondi », détaille Angélique Hérelle. « Notre action permet aussi de faire de la prévention avec les patients sur certaines maladies chroniques ou sur des questions d’hygiène de vie. Tout cela donne au patient plus d’autonomie face à sa santé ».
Appréciée des médecins et des patients
Une méthode qui est très appréciée par les professionnels de santé. En témoigne le Dr Lukali : « C’est vraiment un plus pour nous quand on a la chance d’avoir une infirmière Asalée sur laquelle on peut s’appuyer. Je ne connaissais pas ce dispositif avant d’arriver à Courcelles, maintenant, je ne pourrais plus m’en passer. Angélique est capable de réévaluer si un traitement est bien adapté à un patient pendant que j’en reçois un autre en consultation ».
Du côté des patients, la présence de l’infirmière est aussi très appréciée. « Je certifie avoir besoin de Mme Hérelle pour mon problème d’amaigrissement », écrit Annick, qui a été bien aidée par « les conseils » prodigués pour son « alimentation » et « pour les 2 heures de marche par semaine ». « Il serait donc triste de se priver de sa présence ».
Pour Max, un autre patient courcellois, « les ateliers marche », organisés par l’infirmière, sont aussi bénéfiques. En plus des bienfaits en termes de santé physique, « cela permet de partager des moments conviviaux et de rompre l’isolement », conclut celui qui craint que la cessation d’activité de l’association ait des conséquences pour lui comme pour les autres patients suivis.