La Dépêche Louviers

Un dispositif pour prendre en charge les enfants victimes de violences

Une nouvelle consultati­on dédiée aux enfants victimes directemen­t ou non de violences intrafamil­iales est proposée par le centre hospitalie­r Eure-Seine depuis le début d’année.

- • Cyrill Roy Eure Infos / La Dépêche

Le centre hospitalie­r Eure Seine continue de soutenir les victimes de violences. Ouvert depuis la fin d’année 2020, le Caseva (Centre d’accueil spécialisé de l’Eure pour les victimes) a lancé un nouveau dispositif dédié aux enfants, avec une demi-journée de consultati­ons chaque vendredi après-midi. « Nous avions déjà une salle d’audition, mais nous avions besoin de développer des soins, précise le docteur Valérie Gall, psychologu­e et coordinatr­ice du Caseva. Cette consultati­on a été créée pour les enfants non protégés, parfois oubliés. »

La consultati­on est pluridisci­plinaire : pédiatre, psychologu­e, assistante sociale et infirmière sont, ainsi, mobilisés.

En quatre mois, vingt enfants ont été reçus. Douze ont été victimes et témoins de violences intrafamil­iales, sept ont «simplement» été témoins de violences conjugales, et un a été victime sans être témoin. Trentetroi­s recommanda­tions ont suivi pour des soins psychologi­ques, des examens spécifique­s ou un accompagne­ment à la parentalit­é. « On a l’impression d’avoir soulevé un voile», assure le docteur Valérie Gall.

Pour que l’enfant ne devienne pas l’agresseur

La psychologu­e insiste sur la notion de co-victime dans les violences conjugales. « Une fois que la femme est protégée, orientée vers les soins, peu de personnes vont vers l’enfant pour lui demander s’il va bien », souligne-t-elle. Or, l’enjeu est important, puisque 60 % des enfants exposés aux violences conjugales vont développer un choc post-traumatiqu­e, selon un rapport publié par l’Observatoi­re national des violences faites aux femmes en novembre 2019.

La question de la parentalit­é est également essentiell­e. Lorsque le parent — souvent la mère — est discrédité par le parent agresseur, il ne sait plus où poser des limites. « Parfois, l’enfant devient à son tour un petit agresseur, alerte le docteur Valérie Gall. Il y a un risque de reproducti­on. La covictime peut traiter la mère comme le fait son père. » D’où l’importance de reconnaîtr­e les statuts de victime et co-victime, premier pas vers le travail de reconstruc­tion.

«Nous avons encore des progrès à faire sur le sujet » des droits et de la protection des enfants, reconnaît la coordinatr­ice du Caseva. Elle aimerait que la consultati­on passe de la demi-journée à la journée, pour pouvoir répondre à toutes les demandes.

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Le docteur Valérie Gall, psychologu­e et coordinatr­ice du Caseva, et le professeur Gilles Tournel, chef du service de médecine légale au CHU de Rouen et responsabl­e du centre d’accueil.

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