La Gazette de la Manche

Sa femme défigurée par les coups

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Pontorson. D’ordinaire les prévenus ont tendance à nier ce qui leur est reproche. Lui, c’est tout le contraire. Non seulement il reconnaît les faits devant les gendarmes, mais « il les revendique. C’est lui l’homme, c’est lui qui décide » . A Pontorson, en août dernier, Jérôme a battu son épouse, et davantage. Il n’avait pas apprécié qu’elle aille « boire un coup sans lui » .

« Je croyais qu’il allait changer »

Ce soir-là, lorsque les forces de l’ordre poussent la porte du domicile, « ils le voient en train d’étrangler sa femme » . Plus tard, il leur dira : « c’est normal de la frapper. C’est une femme qui ne m’écoute pas » , ajoutant que la prochaine fois qu’il la voyait, « il lui arracherai­t la tête » . Un homme qui « n’a aucune conscience de l’interdit de la violence » selon la juge.

Des violences conjugales dont il est coutumier : « tous les quinze jours » précise la défense de madame. Lui, est absent au tribunal. Elle, n’a jamais porté plainte, ni même prévenu sa curatelle. « Je croyais qu’il allait changer. Il s’excusait » . Et recommença­it. Cette fois, elle aura un cocard à l’oeil gauche, souffrira d’un trau- matisme crano-facial. Une femme « complèteme­nt défigurée » . Depuis leur mariage, il y a deux ans, ce sont des « coups de pieds, des coups de poing » à répétition.

Prostituée par ses parents

Elle l’a rencontré lorsqu’il était sans domicile fixe. « C’est un gitan voyageur » dit-elle. Assise sur le banc des victimes, elle évoque les menaces de mort qu’elle a reçu de sa famille. Lui-même l’a « menacée de la tuer si elle divorçait » . Une procédure qu’elle vient d’entreprend­re. Elle évoque ses « douleurs aux genoux, dans le dos, sur la figure » . Sa tentative de suicide et son passé d’ancienne alcoolique. « Vous avez été placée sous curatelle, parce que votre vie n’a pas été simple » dira la juge. « Peut-on en parler ? » . Elle accepte. Elle a été prostituée par des parents violents. Elle avait 10 ans. Silence de plomb dans la salle. La magistrate va au-delà des réquisitio­ns du procureur : Jérôme Moy est condamné à 8 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans avec une « interdicti­on de contact sous quelle que forme que ce soit » .

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