On va se garer sur le cimetière !
Des tombes ont été supprimées dans l’ancien cimetière de Reffuveille pour créer des places de stationnement. Des travaux qui font grincer des dents.
Refuveille. « C’est la mémoire de la commune qui
s’en va. » Lundi 21 novembre une entreprise de pompes funèbres a été chargée, par la mairie, d’assurer des travaux de fossoyages dans l’ancien cimetière près de l’église à Reffuveille. Ce dernier était fermé depuis juillet 1926. Il n’y avait plus aucune inhumation. Le site est toutefois resté en état. La semaine dernière, plusieurs tombes ont été enlevées pour réaliser des places de stationnement, côté est de l’église, le long de la route communale. Une allée de convivialité, accessible aux personnes à mobilité réduite, permet désormais de rejoindre la salle des fêtes. Une décision qui avait été prise à l’unanimité en conseil municipal le 23 mai 2016.
« Un lissage de l’histoire »
Cette information n’avait pas défrayé la chronique à l’époque. « Des habitants m’ont alerté qu’une grue travaillait dans le cimetière » , explique Jacky Brionne. Le président de la Fédéra-
tion normande pour la sauvegarde des cimetières et du patrimoine funéraire habite à Hambye, mais s’est rapidement rendu à Reffuveille en apprenant cette nouvelle. Le défenseur du patrimoine a
qualifié cette décision d’ « inadmissible. C’est un lissage de l’histoire. Les gens ont besoin de cet héritage collectif. Des tombes d’adultes et d’enfants ont été enlevées. Il s’agissait notamment de la religieuse et enseignante Marie Poullain. Le pauvre curé Dugué qui a géré la paroisse au XIXe siècle n’a pas non plus demandé à partir. Ils ont donné beaucoup pour la commune et ont les fait disparaître. Quand on est mort, on n’est jamais tranquille. »
Rencontre avec le maire
Jacky Brionne sensibilise les élus à ce patrimoine qui pour lui est menacé. Il sait par ailleurs que les maires sont confrontés à la gestion de la place dans les cimetières. C’est pourquoi il a rencontré deux fois Jacques Vary, le maire de cette commune du canton de Juvigny-
le-Tertre. « Nous nous sommes vus une semaine avant la délibération en mai. Je croyais avoir réussi à sauver l’îlot historique du vieux cimetière en acceptant qu’une bande de terrain puisse
être utilisée pour le stationnement. »
Jacky Brionne avait aussi suggéré l’idée de créer un jardin du souvenir autour de l’église mais « le conseil municipal a pris le
contre-pied de mes propositions à l’unanimité. »
Le reste des corps sera transféré vers le cimetière route de Juvignyle-Tertre dans lequel sera créé un ossuaire. Les pierres tombales et les croix ont été déposées dans un tas derrière l’église.
Le maire, Jacques Vary, n’a pas souhaité s’exprimer.