Trop dangereux, son permis est annulé
Saint-Hilaire- du- Harcouët. Les conducteurs de deuxroues vont pouvoir circuler sans craindre de croiser son chemin. Après avoir causé deux accidents, en janvier et mars 2016, et envoyé à l’hôpital l’un des deux conducteurs, il ne pourra plus prendre le volant. Son permis de conduire a été annulé, mardi, par le tribunal d’Avranches.
Route de Paris, Christopher « n’avait pas vu venir » le cyclomoteur qu’il a renversé. Route de Mortain, il « voit quelque chose arriver à toute vitesse » . Qu’importe, c’est l’accident. Et à chaque fois, il s’enfuit. « Pourquoi ? » aimerait savoir la juge. Ses explications ont de quoi surprendre. La première fois, c’était « parce que du monde s’en occupait (du blessé). Ça allait bien » , selon Christopher. La seconde, c’est parce que « le gars est descendu de sa moto. Il voulait se la mettre. » Interloquée la juge lui demande : « en français, ça donne quoi ? » Réponse, « je sais me battre » . Pas tout à fait ce que la magistrate voulait entendre : « ce qui m’inquiète c’est votre réaction à l’audience » . Ses accidents, « ce n’est jamais de votre faute » . Et pourtant si.
« Moi aussi je suis malade »
Le rapport du psychiatre indique « un discernement altéré mais pas aboli » . Il évoque un « comportement dangereux sur la route » . Et c’est le moins qu’on puisse dire. Christopher avait passé son permis de conduire sur l’insistance de sa mère qui sou- haitait pour lui « un titre dans la société » , mais selon le procureur, à 26 ans, le jeune homme « n’est pas en état de conduire sans faire courir un risque trop important aux autres usagers » . D’ailleurs, à un moment, il le dira lui- même : « je devrais pas conduire » .
Une évidence à voir sa consommation de stupéfiants. Il souffre d’une « addiction au cannabis depuis l’âge de 16 ans » , quatre à cinq joints par jour. Un temps, une addiction à l’alcool et à l’héroïne, « jusqu’à 15 gr dans une journée. Il s’en sort lentement » explique son avocate. « Il présente des troubles importants, visibles à l’audience. Des troubles psychotiques » . Ses jambes ne cessent d’être agitées par des tremblements, ses mou- vements manquent de maîtrise. « Vous n’arrêtez pas de vous balancer (sur un pied et sur l’autre) » lui fait observer la juge. « Vous avez des problèmes d’élocution. Vous avez fumé avant de venir ? » « Non » assure Christopher, jugé également pour un usage en récidive de stupéfiants, de 2013 à 2016. Et quand l’une de ses victimes évoque sa fracture du poignet suite à l’accident, il l’interrompra : « Moi aussi je suis malade. Je suis en invalidité à 80 pour cent » .
Son casier judiciaire s’alourdit. Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de 2 ans. Son permis est annulé. Lors du réquisitoire du procureur, il s’était pourtant exclamé : « J’ai mes 12 points, vous pouvez pas me l’enlever » .