Des opposants à l’aéroport débarquent dans la Manche
Trois remorques pleines de foin ont été acheminées de Notre-Dame-des-Landes à Saint-Senier-de-Beuvron jeudi dernier.
Trente- cinq tonnes de foin ont été livrées à la ferme de la Binolais à Saint- Senier- de- Beuvron le 15 décembre. Les herbes proviennent de Loire-Atlantique, de Notre-Dame-des-Landes. Un aéroport doit voir le jour sur ce site, mais ce projet est vivement contesté depuis des années notamment par des agriculteurs.
Il aura fallu pratiquement deux jours aux 80 paysans pour ramener le foin. « Nous avons organisé un convoi avec une dizaine de relais par solidarité avec les paysans d’ici. Chacun a fait une partie de la route (20 à 30 km) avec son tracteur » , explique l’un des agriculteurs de Loire-Atlantique. Des voitures ont aussi suivi le petit cortège de tracteurs d’un bout à l’autre. Ce convoi a été organisé par Copain 44. Le foin servira à plusieurs agriculteurs du coin comme la ferme de la famille Dufour qui cultive principalement Bio. « Nous avons connu une période moins pluvieuse cette année. Nous sommes passés de 1 000 à 700 millimètres d’eau tombée dans l’année » , explique François Dufour qui a laissé l’exploitation à ses enfants Benoît et Émilie depuis un peu plus d’un an.
Moins de pluie, moins de foin
Les terres de Notre-Dame-desLandes, en zones humides, favorisent la pousse du foin. « Nous n’avons pas subi la sécheresse à Notre-Dame-des-Landes. La production n’a pas été différente. Ce n’est pas une terre pour les céréales mais elle reste, par contre, idéale pour les herbes et le fourrage » , assure Sylvain Fresneau. Sa ferme est directement menacée par l’aéroport. La piste est prévue sur ses terres. En Groupement agricole d’exploitation en commun avec trois associés (Gaec), Sylvain Fresneau résiste comme quatre autres fermes. « En protégeant le bocage de la zad (zone à défendre) de NDDL, ses prairies humides, ses élevages et ceux qui les font vivre, l’alimentation des vaches normandes aujourd’hui et demain des Nantais et des Nazairiens est garantie » , poursuit un autre paysan. Les agriculteurs des deux régions se connaissent. François Dufour est lui aussi opposé à la construction de l’aéroport. Cette livraison sonne comme un symbole. « Nous voulons montrer que les paysans sont solidaires. » Les Normands ont donné d’anciennes machines agricoles qui serviront aux jeunes agriculteurs de NotreDame-des-Landes.