La Gazette de la Manche

Bon pied, bon oeil, il vit seul à son domicile

Bon pied, bon oeil, Louis Jeanne a fêté son 100e anniversai­re le mardi 13 décembre dernier à son domicile, en présence de ses enfants, ses petitsenfa­nts et son arrière-petit-fils.

-

Ce mardi midi, le salon était bien rempli. Gilbert Badiou, maire, et son adjointe Eveline Pelchat, étaient au rendez-vous, ainsi que des membres de l’associatio­n des anciens combattant­s UNC/AFN, leur président en tête. Et bien sûr, les « dames » de l’ADMR et les infirmière­s du SSIAD qui passent régulièrem­ent lui rendre visite. Et aussi Christine, « Titine », une ancienne employée du Lion d’Or qui avait commencé à y travailler à l’âge de 16 ans et qui vient encore quotidienn­ement lui rendre visite et l’aider à quelques tâches.

Louis Jeanne est né le 13 décembre 1916 à Saint-Hilaire. Son père, héroïque durant la 1ère guerre mondiale, est porté disparu en août 1918 ; son décès n’est officialis­é qu’en 1922. Quant à sa maman, Victorine, les dirige la pension Le Lion d’Or qu’ils avaient acheté en 1913. Excellente cuisinière, elle fait la notoriété de l’établissem­ent.

Apprenti ébéniste à 15 ans

S’il grandit dans la cuisine de la pension, c’est vers l’ébénisteri­e qu’il se dirigera. Il quitte l’école à l’âge de 15 ans et rentre à la Maison Angot où il débute comme apprenti. Il effectue son service militaire en 1937 et alors qu’il vient de clore ses deux années de service, la guerre embrase l’Europe. Il est envoyé sur le front en Belgique puis revient à Rouen puis à Cherbourg où il est fait prisonnier. Il s’évade et finit par revenir à SaintHilai­re.

Il rentre dans la Résistance

Pour échapper au STO, il « monte » à Paris qu’il quitte pour entrer dans la Résistance près de Dijon. Il veut voir sa mère mais risquant d’être pris (il a échappé au STO), il demeure chez son oncle à Romagny. Il entre dans le réseau de résistance de la région. Pour se rendre à St-Hilaire, il évite le train et s’y rend à vélo en empruntant les petits chemins. C’est là qu’il sera victime d’un accident (fourche cassée). Une femme passant par là le reconnaît et prévient sa mère. Louis est dans le coma dont heureuseme­nt il sortira. Il arrête ses activités clandestin­es et s’installe

La rencontre avec Jeanne

C’est à cette époque qu’il tombe sous le charme d’une jeune pensionnai­re de sa mère : elle s’appelle Jeanne Nékan. Elle est née le 30 septembre 1930. Ils se marient en mai 1941 et s’installent à la pension de sa maman. A cette époque, Louis sert de commis de cuisine à sa mère qui lui transmet ses secrets culinaires.

Le 6 juin 1944, c’est le Débarqueme­nt. Sa mère se réfugie à Martigny. Les troupes allemandes fuient Cherbourg… Arrivée à StHilaire, l’armée allemande doit contourner le pont de la Paveille, bombardé le 7 juin. S’il a quitté la résistance, Louis n’en a pas moins gardé des contacts et il rejoint Louis Blouet et M. Toudit qui veulent couper la route aux Allemands en abattant un arbre sur le chemin. Le temps de contourner l’obstacle, le convoi est attaqué par l’US Air Force qui a été prévenue.

Saint-Hilaire sera bombardée et pratiqueme­nt détruite mais l’auberge n’est que légèrement touchée.

Le Lion d’or s’agrandit et se modernise

Trois ans après la fin de la guerre, c’est la naissance de JeanPierre (le 24 novembre). Louis et son épouse souhaitent alors agrandir et moderniser le Lion d’Or. Après bien des péripéties, c’est en 1958 qu’ils peuvent enfin acheter l’immeuble. Les travaux dureront deux ans. Outre la fin des travaux, c’est la naissance de leur 2e fils, Frédéric (le 18 mars).

Louis assure la cuisine tandis que son épouse Jeanne se consacre à la gérance de l’hôtel.

Des personnali­tés y font étape

La table est très bonne, les vins excellents. Et à la fin des années 60, Le Lion d’Or surfe sur le succès. L’organisati­on de grands événements attire des personnali­tés qui séjournent au Lion d’Or : des champions cyclistes du Tour de France, des chanteurs (Michel Delpech, Les Compagnons de la chanson, les musiciens du groupe Martin Circus), des acteurs (Pierre Doris et un certain Lino Ventura). Et il y aura aussi un « fidèle client » mais surtout « un ami », le peintre Marin Marie.

Les années passent. Le Lion d’Or est toujours aussi « côté ».

Clap de fin en 1979

Mais les choses changent et Louis ne souhaitent pas particuliè­rement s’adapter.

Aussi, en 1979, Louis estime qu’il est temps d’arrêter. Le Lion d’Or est mis en vente. Il sera racheté en 1995.

Newspapers in French

Newspapers from France