La mise en valeur de l’abbaye du Mont Saint-Michel continue
Le CMN, centre des monuments nationaux, poursuit sa campagne de restauration et de mise en valeur de l’abbaye du Mont SaintMichel. En ce début d’année, ont été lancés les travaux sur le cloître.
Ces travaux préconisés par l’architecte en chef des monuments historiques François Jeanneau, concernent : « la restauration du jardin, la révision de la couverture, le nettoyage et le traitement des colonnades et
des galeries », comme le précise Xavier Bailly, administrateur de l’abbaye.
Pendant la durée des travaux, environ un an, le cloître reste ouvert au public, grâce à une organisation de chantier en deux tranches.
Le cloître
Chef-d’oeuvre de l’art gothique normand, construit à 80 m de hauteur, au sommet de la « Merveille » , le cloître a été édifié dans un souci de légèreté avec une charpente lambrissée, une double rangée de colonnettes et de fines arcades. Les 260 m2 de l’aire du cloître semblent avoir toujours été occupés par un jardin, dont on retrouve les traces dans un écrit de 1324. Au XIXè siècle, l’abbaye est aménagée en prison, l’emplacement du jardin disparu sert de cour de promenade aux prisonniers. Ce n’est qu’au cours de la seconde restauration du cloître (1963-1965) par l’architecte Froidevaux, que le jardin a été restitué. Dessiné par le père Bruno de Senneville, prieur de la communauté, 23 espèces différentes de vivaces sont alignées dans des carrés disposés le long des arcatures.
Fouilles archéologiques
Le diagnostic archéologique, assuré par l’Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives), bien que pas totalement terminé, a été assez rapide, et n’a pas entraîné de retard sur le chantier. Le niveau du sol des galeries ramené à un niveau plus ancien, a permis aux archéologues de mettre à jour une partie du dispositif d’évacuation des eaux pluviales. Des fragments de colonnettes du XIIIè siècle, en calcaire coquillé de Purbeck (Angleterre) ont été découverts dans les remblais.
Restauration
Au niveau du jardin, la dalle étanche de 1965 est conservée, mais une étanchéité bitumeuse associée à une membrane drainante remplacera le système actuel. Le jardin pourra alors retrouver son aspect d’antan, carrés de simples et de vivaces, entourés d’une calade, pavage de galets au mortier.
Au niveau des galeries, la dépose du dallage et la restitution du niveau du sol ancien permettent la mise en place d’un réseau de récupération et d’évacuation des eaux pluviales vers les gargouilles Nord. De plus, en revenant au niveau de sol médiéval, il sera possible de redonner aux galeries leurs proportions d’origine (environ 20 cm plus bas), permettant « une meilleure esthétique de l’ensemble, plus conforme au XIIIè siècle et une meilleure préservation » s’en réjouit Xavier Bailly.
La charpente lambrissée et les couvertures en ardoise épaisse sont globalement en bon état, mais la situation maritime du Mont a généré une contamination biologique sur les pièces de bois, la corrosion des ferrures et attaches métalliques, ainsi que l’usure de quelques ardoises. Les travaux ont pour objectif d’assainir les bois et de réviser la couverture.
Les colonnades, souffrent surtout de l’environnement marin, humide et chargé de sel qui génère des altérations et entraîne des contaminations micro-biologiques. Si au XIXè siècle, les travaux ont porté sur le remplacement des pierres les plus altérées, réfection de motifs et rejointement, au- jourd’hui, il s’agira de nettoyage. Après un traitement pour éliminer mousses et autres lichens et champignons, les sculptures seront dépoussiérées au pinceau et par aspiration. Les colonnettes seront dessalées par cataplasme. Puis les sculptures feront l’objet d’un microgommage ou désinscrustation laser sur les zones fragiles.
On peut imaginer combien ce chantier est complexe, combien les moyens mis en oeuvre sont hors normes (évacuation des gravats par hélicoptère) !
Plateforme de dons en ligne
De nombreux mécènes oeuvrent à la préservation de la richesse du patrimoine architectural et culturel français et le Mont Saint-Michel en est un des fleurons.
Le Centre des monuments nationaux s’est doté d’une plateforme de dons en ligne : « Ma pierre à l’édifice », disponible sur le lien : www.mapierrealedifice.fr