Il raconte 15 jours de tournage
Le PDG de la chocolaterie Monbana, 300 salariés, a travaillé pendant 15 jours sur une ligne de production pour l’émission de la chaîne de télévision M6, Patron incognito.
Yves Guattari, pourquoi avezvous accepté de participer à l’émission Patron incognito ?
M6 me sollicitait depuis 3 ans. Il cherchait un patron pour vivre en réel l’expérience de travailler sur une ligne de production. Je suis le premier patron à tester cette formule. Avant, la chaîne avait seulement eu des gens issus du service ou du commerce.
Comment vous l’avez vécu ?
C’est difficile. Je savais pertinemment que l’équipe aurait cherché à me mettre des bâtons dans les roues. Je devais donc travailler sur une chaîne de production et faire attention à ne pas révéler des choses qui auraient pu laisser penser que je n’étais pas à ma place. Je devais me plier aux règles. Il ne fallait surtout pas décrédibiliser mon entreprise. Ce n’est vraiment pas une tâche évidente.
Racontez-nous les coulisses ?
On me prévenait seulement la veille au soir où je devais aller. Je ne savais pas sur quel poste je devais travailler ni qui allait m’accueillir. Ils vous conditionnent pour vous mettre en difficulté, il n’y a pas d’autre mot.
Vous êtes resté combien de temps ?
15 jours pleins dans une usine de production à Colmar, les responsables de l’émission avaient tellement peur que je sois reconnu qu’ils ne vous laissent pas rentrer chez vous. L’équipe passe son temps à vous poser des questions. En 40 ans, je n’avais jamais manqué un jour de travail. Les salariés pensaient que j’étais malade. Quand je suis revenu au bureau, totalement teint en jaune et en noir, tout le monde a pensé qu’un traitement en était la cause.
Vous avez une vie de famille ?
Je suis marié mais je ne pouvais pas rentrer chez moi. Je dormais à l’hôtel.
Quelle a été la plus grosse difficulté ?
Vous avez toujours peur d’être reconnu. On porte un peu la responsabilité du film car si je suis révélé, la vidéo n’existe pas. Le but est de rester incognito…
Avez- vous eu des échanges avec les salariés ?
Ils m’avaient tellement grimé que le soir je me regardais dans la glace et ne me reconnaissais pas. C’est vraiment difficile de lâcher prise. Perdre ma fonction de patron ne me gênait pas. J’aime bien être auprès de mes salariés. Je voulais savoir comment mes valeurs étaient comprises. J’ai échangé avec des salariés revendicatifs. Ils étaient passionnés par ce qu’ils faisaient.
C’était un peu coup de communication pour faire parler ?
Bien sûr, je l’ai fait pour mes salariés et pour les franchisés comme à Avranches. On manque de notoriété et j’ai un très grand respect pour ces gens qui s’investissent pour la promotion de la marque.
Allez- vous participer à une autre émission ?
L’équipe de l’émission veut que je recommence l’année prochaine.