Elle passe sur un vélo sans rien remarquer
Ducey-Les Chéris. Elle conduit depuis qu’elle a 24 ans sans encombre. En 34 ans de permis, pas un seul accident. Et puis, le 21 décembre 2015, à Duceyles-Chéris, elle « n’a pas vu » le piéton qui traverse sur un passage réservé. Elle percute le vélo qu’il tient à la main. Le vélo tombe sur le cycliste et lui fracture le tibia. Françoise poursuit sa route comme si de rien n’était. C’est un témoin de la scène qui permettra aux enquêteurs de retrouver la conductrice.
Mardi 21 mars, au tribunal d’Avranches, la juge s’en étonne. « Vous ne vous êtes pas arrêtée. Votre véhicule est passé sur le vélo. Vous ne vous êtes rendu compte de rien ? » « Non » , répond Françoise. Même pas des traces de chocs sur la voiture, une fois de retour chez elle. D’où les interrogations du tribunal sur ses aptitudes à conduire.
Avis médicaaux divergents
En invalidité à 80 %, enfant, elle a été victime d’un accident vasculaire cérébral lors d’un vaccin. Depuis elle souffre d’épilepsie et prend des médicaments. Est-ce qu’ils sont en cause ? Les deux médecins consultés ne sont pas du même avis. Pour l’un, « ils sont susceptibles d’alté- rer la vigilance » . Pour l’autre, « l’hypothèse de troubles est peu vraisemblable » . Quant à savoir si elle voit mal, c’était une possibilité. Son IRM, pratiqué suite à sa dernière crise d’épilepsie, en 2002, « montre que les séquelles peuvent altérer le champ visuel » .
Lors d’une première audience, le tribunal avait invité Françoise à aller voir un ophtalmologue. Elle ne l’a pas fait. Dommage. Ça aurait pu expliquer qu’elle n’ait pas vu le cycliste. Pas le fait qu’elle ne se soit pas arrêtée, ni qu’elle « ne se souvient de rien » .
Alors si pour son avocat, « il y a au moins une altération du discernement et un vrai doute sur sa responsabilité pénale. Et que le doute doit profiter au prévenu » , pour le procureur, « le fait de ne pas se souvenir est une cause de responsabilité. Elle sait ce qui a précédé et ce qui a suivi (l’accident). Elle regagne son domicile. Elle avait une conscience suffisante » .
Depuis Françoise ne conduit plus. Son permis est annulé. Il y a peut-être eu altération du discernement, mais « le tribunal pense que vous ne pouvez pas vous abriter derrière des troubles » et prononce l’annulation du permis.