L’hôpital dessine son avenir
Jean-Pierre Heurtel, directeur de l’hôpital d’Avranches-Granville, évoque l’avenir des établissements de santé du Sud-Manche. Selon lui, les six hôpitaux seront nécessaires pour l’avenir du Groupement hospitalier de territoire (GHT).
Pourquoi devez-vous regrouper les six hôpitaux du territoire ?
En France, tous les hôpitaux doivent se réunir dans un Groupement hospitalier de territoire, suite à la Loi santé. Nous devons désormais réaliser un projet de territoire avec l’ensemble des six établissements du Sud Manche : Avranches-Granville, Pontorson, SaintHilaire-du-Harcouët, Mortain, Villedieu-les-Poêles et Saint-James. Une étude est en cours en ce moment. Nous avons eu la chance d’être retenu parmi 55 groupements. Cette prestation coûte 50 000 €, mais nous n’en payons pas un centime.
Pourquoi les différents soignants se sont réunis dans une journée ?
C’était la première fois que nous réunissions autant de personnes pour une réunion. C’était une journée symbolique, mais aussi très opérationnelle. Ils ont travaillé sur un diagnostic prescrit par un cabinet et ont réalisé des ateliers. Désormais, des groupes de travail se réuniront pendant trois mois. Ils vont s’inspirer du diagnostic et des ateliers réalisés. Un document final sera adressé à l’Agence régionale de santé au mois de juin. Il retracera la manière dont nous envisageons la santé dans le Sud-Manche au cours des dix prochaines années.
Le service des urgences est-il menacé à l’avenir ?
Les urgences seront à repenser en fonction des ressources de médecins. L’hôpital fait beaucoup appel à l’intérim. Ces urgences sont autorisées, pour le moment, il n’y a pas de remise en cause. C’est à nous de repenser l’organisation et de concentrer les moyens.
C’est-à-dire ?
Nous allons réfléchir à la question de la prise en charge de la personne âgée. L’une des différences majeures entre le public et le privé reste les urgences. Un patient sur deux qui arrive chez nous a plus de 75 ans. Il s’agit de repenser la manière de l’accueillir. Il faudrait une entrée plus rapide aux urgences. Elle ne se traduira pas forcément par une hospitalisation. Il faut un travail de partenariat entre les médecins libéraux et les établissements publics.
Comment expliquer la fuite des patients du SudManche vers d’autres établissements de santé ?
Le groupe de travail va se pencher sur cette fuite des patients. Environ 25 % de la population n’est pas soignée dans le Sud-Manche. Est-ce un problème de confiance ? Nous devons rendre attractif l’hôpital pour améliorer les recettes que nous avons. Si nous n’avons pas d’activités, nous n’avons pas de recettes.
Des fermetures sont prévues ?
Tous les hôpitaux sont nécessaires. Nous voulons conserver l’offre publique. Il faut la rendre efficace. Il y a un réel besoin. Où iront les personnes âgées du Mortainais autrement ? L’hôpital d’AvranchesGranville ne peut continuer de vivre que si ces petits hôpitaux fonctionnent.
Quels rôles joueront ces petits hôpitaux comme celui de Mortain ?
Ils auront le même rôle qu’aujourd’hui. Chacun de ces hôpitaux a une trentaine de lits qui vont se transformer en soins de suite et de réadaptation. Ces petits hôpitaux n’ont pas de médecins salariés à la différence d’Avranches-Granville. Ce sont les médecins généralistes qui y interviennent. Ils passent 20 à 30 % de leur temps dans les hôpitaux. Il faut maintenir ce lien entre la médecine libérale et l’hôpital. On peut dire que l’hôpital d’Avranches-Granville soignera les maladies aiguës et les autres faciliteront le rétablissement des personnes. Nous garderons toutefois des lits pour les soins palliatifs.
Quand sera prévu ce changement de lits ?
En mars 2018 pour Saint-James ; Villedieu, c’est en ce moment et Mortain, nous en discutons.