La Gazette de la Manche

Ils ne font plus bon ménage

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Sacey. Ils étaient séparés depuis fin 2015 mais avaient acheté une maison ensemble et devaient continuer de payer les traites. Dans ces conditions, « pas moyen de trouver un appartemen­t » pour chacun. Depuis, ils ont déménagé mais leur cohabitati­on forcée a mal tourné. Mickaël a violemment frappé Jennifer avant d’en venir aux mains avec Marc, le nouvel ami de la jeune femme. Au tribunal d’Avranches, les deux hommes devaient s’expliquer. Mickaël n’est pas venu, retenu à l’hôpital pour une fracture du bras.

Qui a commencé ?

Chaque soir, Marc appelait Jennifer pour savoir comment sa journée s’était passée. Le 9 mars 2016, elle lui raconte ce qui vient d’arriver. « David lui a porté des coups de poing au ventre et des coups de pied » . Ce qui lui vaudra 8 jours d’ITT. Marc se rend à leur domicile. Et là, « ils se battent sans qu’on sache qui a commencé » . A la barre, Marc raconte. « Il m’a dit que je n’avais rien à faire ici. Il est arrivé sur moi et m’a asséné un coup » . « Vous ne deviez pas être très calme ? Vous aviez décidé d’en découdre ? » , voudrait savoir la juge. « Non, en aucun cas. Je voulais voir comment elle allait » . « Vous n’aviez pas l’intention de le frapper ? » « Non » , répond, très calme, Marc, déjà condamné en 2011 pour vio- lence – une bagarre à Avranches qu’il n’aurait pas déclenchée. « Je ne suis pas du tout impulsif » assure- t- il. « Elle vous avait déjà parlé des violences (précédente­s) ? » « Oui » .

Des violences à répétition

« La séparation se passe mal. Elle est restée dans sa maison car c’est difficile de bouger rapidement quand on a un enfant scolarisé » , explique l’avocat de la jeune femme. « Il s’est montré jaloux à son égard » . Sur le banc des victimes, Jennifer ne dit mot, visiblemen­t mal à l’aise à l’évocation des violences qu’elle a subies. Ce soir-là, Mickaël insulte la jeune femme et « s’énerve tout seul » . Elle le repousse et veut aller dans sa chambre. Il commence à la frapper. « Deux, trois fois dans le ventre » admettra-t-il devant les enquêteurs, puis il l’aurait aidé à se relever lorsqu’elle est tombée à terre, sous l’effet des coups.

« Il doit être condamné, c’est inadmissib­le ! ». C’est le propre avocat de Mickaël qui le dit, pour que la jeune femme « puisse tourner la page » . Pour autant, son client « a été blessé à son domicile. Un bras cassé, c’est nécessaire­ment, une blessure de défense » . Non selon l’avocat de Marc. « Ce n’est pas celui qui est le plus blessé qui est l’agressé. On a quelques fois des agresseurs qui se retrouvent blessés plus gravement » . Une défense qui s’étonne des réquisitio­ns du substitut du procureur. Ajoutant qu’ « on peut se moquer, (en disant) : « il joue au chevalier blanc » . Non, il vient parce qu’elle est blessée. Dans sa déposition, elle dit que c’est Mickaël qui a commencé. « Si on repousse un agresseur, c’est de la légitime défense ! » Repoussé par Marc, Mickaël serait tombé par terre et ce faisant, se serait « cassé le bras tout seul » .

Les preux chevaliers n’ont pas la côte

Il ( Marc) s’accorde le plus beau rôle de chevalier. Ça ne m’émeut pas vraiment. Les arguments violents sont prohibés. Il y a des faits de violences par les deux prévenus » . Et d’évoquer une certaine « disproport­ion » , des « blessures importante­s » avant de conclure : « Les attitudes de chevalier sont des attitudes de faussaires » .

Pour autant, il requiert 3 mois de prison avec sursis et 150 € d’amende à l’encontre de Mickaël. 90 jours d’amende à 5 € par jour, pour Marc. La juge, elle, relaxe ce dernier et condamne Mickaël, jusque-là au casier judiciaire vierge, à trois mois de prison avec sursis et 150 € d’amende. Il devra indemniser Jennifer pour son préjudice moral, 800 €, et lui verser 600 € pour ses frais de justice.

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