Le violoniste Jean-Luc Ponty raconte ses débuts
Originaire d’Avranches, le virtuose du violon Jean-Luc Ponty est programmé à Jazz sous les pommiers et Jazz en baie. Il vit désormais à Los Angeles. Rencontre.
Avranches – Los Angeles. Le célèbre violoniste Jean-Luc Ponty est né dans la première en 1942. Il garde en mémoire « les gouffres creusés de chaque côté des rues » par les bombardements de la Libération. La peur – effrayante – des adultes. La fuite dans une ferme, au Val Saint-Père. Mais aussi des souvenirs d’adolescent. Où la musique tient une place prépondérante.
Piano, violon et clarinette
Il apprend le piano et le violon à l’âge de 5 ans. Le premier est l’instrument de sa mère, le second de son père, à qui l’on doit la création de l’école de musique d’Avranches. À 11 ans, le petit Jean-Luc joue aussi de la clarinette. C’est avec elle, que 6 ans plus tard seulement, il fera ses premiers pas dans l’univers du jazz, à Paris. Mais dans l’immédiat, son père lui demande de choisir entre le piano et le violon. Il opte pour ce dernier, « plus expressif, qui fait un peu partie du corps. » Il travaille avec son père, 5 h par jour, minimum. Ses parents s’inquiètent pour l’avenir de leur fils qui souhaite se consacrer à la musique. Ils savent combien il est difficile d’en vivre.
Dans la capitale, le jeune musicien entame une double vie : violoniste classique au conservatoire le jour, puis, plus tard, dans un orchestre symphonique et clarinettiste de jazz la nuit, dans la folle ambiance des clubs enfumés. Il y découvre la musique de Miles Davis, John Coltrane, Thelonious Monk… Entre classique et jazz, il va devoir choisir. Ce sera le jazz.
Violoniste de jazz par accident
Un jour que le musicien n’a pas sa clarinette, il improvise avec son violon. C’est la révélation. Il découvre alors « qu’il existe des violonistes de jazz, comme Grappelli. » La clarinette est vendue : il faut bien vivre. À ses débuts, l’artiste joue « pour le prix d’un paquet de cigarettes » . Ses parents n’apprécient pas vraiment… D’autant que ses copains de conservatoire sont embauchés à l’Opéra.
Ensuite, « tout s’est enchaî- né rapidement » . Les premiers engagements, le départ pour les States, les tournées avec Zappa et le Mahavishnu Orchestra, le succès – international – de ses propres compositions : « J’ai eu de la chance, fait des rencontres déterminantes. » Et l’époque est encore propice aux expérimentations artistiques, « le music bu- siness n’a pas encore tout aseptisé » . Parfois, l’Avranchinais doit se pincer « pour croire à ce qui m’arrive, je suis à Los Angeles, c’est incroyable. » 43 ans plus tard, il y réside toujours. Avranches est bien loin.