L’hôpital, c’est leur hôtel !
A Mortain, le jour à la maison, la nuit sous surveillance
« Adapté au rythme de chacun »
Tous les matins, le rituel est le même. Carine Desvaux fait le tour des chambres pour accompagner les premiers levés vers la navette. C’est elle qui conduit le véhicule qui transporte les huit patients du service d’hôpital de nuit de Mortain vers leur domicile. Un trajet qu’elle réitère le soir dans le sens inverse.
Après un repas de fin de journée et une nuit à l’hôpital, les patients regagnent leur domicile pour la journée, à une vingtaine de kilomètres à la ronde autour de Mortain. Les premiers départs se font à 8 h 45 vers Sourdeval, Notre-Dame-du-Touchet ou Juvigny-le-Tertre.
Une manière de ne pas quitter complètement le nid dans ses vieux jours pour les personnes
âgées qui bénéficient de ce service d’hébergement partiel. D’autant que la visite d’un proche, d’une infirmière ou d’un auxiliaire de vie ponctue souvent la journée
à la maison. « On s’adapte au rythme de chacun. On peut aller les chercher en fonction de leurs envies. Quand ils veulent rester toute la journée à l’hôpital, ils le peuvent également » , dévoile Claire Fouilleul, infirmière coordinatrice du service.
C’est notamment le cas en hiver, lorsque les jours sont plus froids dans les maisons, « souvent de vieilles habitations » . Le service d’hôpital de nuit de Mortain accueille des personnes âgées de plus de 60 ans. « Souvent des personnes isolées, qui ont un problème d’angoisse la nuit, ou agitations nocturnes… » . Parfois, le service est aussi un moyen d’avoir une période de répit après une hospitalisation. C’est le seul dans le groupement hospitalier de territoire mené par l’hôpital d’Avranches. « L’avantage qu’ils ont à venir ici, c’est qu’ils bénéfi- cient de soins le matin. C’est vraiment adapté à une population rurale » , souligne Claire Fouilleul. L’hôpital de nuit s’adapte aux besoins, notamment en cas de perte d’autonomie. « Le jour où certains patients ne sont plus autonomes, ils peuvent aller en Ehpad »
La moyenne d’âge des patients est assez élevée, de près de 90 ans. La doyenne, âgée de 94 ans, bénéficie du service depuis dix ans. « Mais nous avons un patient qui est arrivé il y a tout juste quelques jours » . Un coût élevé
Même si le patient passe qu’une partie de la journée à l’hôpital, le service représente « 70 % du coût d’une maison de retraite, soit
1 300 € par mois » auxquels il faut ajouter les charges du domicile.
Pour l’établissement également, c’est un service qui représente un coût non négligeable, notamment avec le transport. Il faut dire que la navette parcourt 100 000 km par an ! Mais le service perdure depuis le début des années 2000. « C’est un bon moyen de nous démarquer des autres établissements » , indique Claire Fouilleul. Et pour les patients, une manière de ne pas quitter totalement son environnement.