Des laboratoires à l’exploration industrielle
L’hydrogène se forme en permanence. C’est une matière renouvelable.
« La terre est une machine qui produit des quantités très importantes d’hydrogène naturel », écrit Eric Gaucher (revue Géologues n° 213, juin 2022), chercheur en géochimie, consultant sur ces questions d’hydrogène naturel, PDG de la société Lavoisier H2 Geoconsult. Et c’est une ressource renouvelable puisque l’hydrogène se forme en permanence, par oxydation (la circulation d’eau à travers les roches riches en fer libère de l’hydrogène) ou par radiolyse (en présence d’eau et de radioactivité naturelle).
Des estimations à confirmer
De l’hydrogène a ainsi été détecté un peu partout à la surface du globe, à des profondeurs de 3 à 5 kilomètres. Mais Daniel Chateigner, professeur au Crismat, laboratoire de l’université de Caen dédié aux sciences des matériaux, fait remarquer que la formation de l’hydrogène peut s’accompagner aussi de celle d’autres gaz, comme le méthane. Finalement, si l’on veut évaluer l’intérêt économique d’extraire l’hydrogène blanc, «il faut prendre en compte toute la chaîne d’extraction ». «Même de l’hydrogène qui se forme seul et qui n’émet pas de gaz à effet de serre n’est pas totalement vert. » Il sera préférable de trouver des mines d’hydrogène pur.
S’il est mélangé à d’autres gaz, il faudra l’en séparer. « On a des techniques, à appliquer au fond du puits, pour ne produire que de l’hydrogène », avance Eric Gaucher qui attire plutôt l’attention sur l’état des connaissances actuelles de la ressource. « Ce ne sont que de premières évaluations ! »
Du côté de Granville, l’indicateur de présence est de plus de 1000 ppmv (lire ci-dessus), voire 2000 ppmv (pour comparaison, l’air contient des traces d’hydrogène de l’ordre de 0,72 ppmv). « Ça peut sembler intéressant, scientifiquement, mais pour que ce le soit économiquement, il faut à proximité de quoi » piéger « l’hydrogène, des couches de sel ou d’argile, imperméables, ce qui n’est pas le cas dans la faille de Granville. »
« Nulle part, il n’a été encore mis en évidence des quantités économiquement intéressantes », avertit Eric Gaucher. «Rien n’est prouvé. Ce sont des estimations qui doivent être validées par des tests effectués lors de forages profonds et pour lesquels il n’y a pas encore d’autorisation. »
Les premières exploitations industrielles en France sont ainsi envisageables, au mieux, dans quatre ans.