La Gazette de la Manche

Un Teilleulai­s donne un sabre japonais fabriqué en 1542, aux musées de Granville

Michel Ollivier, professeur à Mortain en 1960, puis au collège du Teilleul en 1964, a hérité en 1977 du sabre de son grand-père, le docteur granvillai­s Jules Regnault.

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« Quelle surprise pour moi, d’apprendre que le donateur du Katana, n’est autre que mon ancien professeur de français et latin au collège de Le Teilleul », confie Joël Lecomte, notre correspond­ant local à Granville.

Né à Granville, mais originaire de Toulon, Michel Ollivier a enseigné à partir de 1960 à Mortain, avant de le faire à Le Teilleul de 1964 à 1999. Son épouse, Danielle, officiait à Mortain. Plusieurs génération­s du Sud-manche, du bord de la Mayenne et de l’orne ont été en classe avec eux.

Il reçoit le sabre, prévu pour le décapiter

Le docteur Jules Regnault, né à Hambye en 1873, a fait ses études à l’école de médecine navale de Bordeaux, puis il exerce en tant que médecin marine dans une colonie française d’asie : Annam. Il apprend le chinois, et passe souvent la frontière pour découvrir ce pays. « Vers 1900, un Mandarin chinois l’a fait demander d’urgence pour accoucher sa femme. Mon grand-père s’entretint avec les sages-femmes qu’il conseilla, sans s’approcher de la patiente qui accoucha d’un garçon. Le mandarin lui demanda pourquoi il n’avait pas assisté sa femme. Il lui répondit qu’il savait qu’aucun homme ne devait voir nue l’épouse d’un mandarin, sous peine de mort. Pour le remercier, le mandarin lui offrit ce sabre, prévu pour le décapiter », raconte Michel Ollivier, qui en a hérité en 1977.

Président de l’académie du Var

En 1903, le docteur Jules Regnault s’installe à Toulon, et rentre à l’académie médicale du Var. Il en sera secrétaire général en 1916, puis président de 1924 à 1927. « Dans son appartemen­t, il avait créé un salon indochinoi­s dont le sabre japonais en acier, fabriqué le 20 février 1542, était l’ornement principal. Le fourreau est décoré d’émaux qui représente­nt des dragons de différente­s couleurs », souligne Michel Ollivier.

En 1908, il épouse Rachel Dufour, fille de Victor Dufour, maire de Donville de 1901 à 1904. Ils habitent à Toulon, où naissent deux filles, Louise-victorine et Jeanne-madeleine. En 1931, il achète deux maisons dans la Haute-ville de Granville où il accouchera ses deux filles en 1938, pour la naissance de Michel Ollivier et Daniel Clerté. Il était un précurseur de l’accoucheme­nt sans douleur, grâce à des méthodes apprises en Asie, dont l’acuponctur­e, et s’était opéré lui-même d’une hernie inguinale gauche.

Retour dans la Manche en 1943

En 1943, bien que Toulon se trouve en zone libre, Jules Regnault décide de revenir à Granville. La Haute-ville est alors occupée par les Allemands. Il se réfugie à Hambye avant de revenir à Granville, après le 31 juillet 1944, date de la Libération, et d’y installer son salon indochinoi­s dont le sabre. «Il avait bien fait de quitter Toulon. Le 24 novembre 1943, une bombe des alliés est tombée sur sa maison et a tout détruit», raconte Michel Ollivier.

Jules décède en 1962 à Granville, et sa femme en 1977, puis le sabre est parti à Mortain, où vivait Michel et Danielle Ollivier, avant de déménager en 1979 à Le Teilleul, où ils passent une retraite méritée. Après 47 ans passés dans le Sud-manche, le Katana de 482 ans, retourne à Granville, près de la dernière demeure de son propriétai­re historique.

❝ Le mandarin lui offrit ce sabre, prévu pour le décapiter. MICHEL OLLIVIER, le donateur

 ?? ?? Michel et Danielle Ollivier, Marie-pierre Durel, Daniel Clerté et Alexandra Jalaber (Musées) lors de la remise du sabre.
Michel et Danielle Ollivier, Marie-pierre Durel, Daniel Clerté et Alexandra Jalaber (Musées) lors de la remise du sabre.

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