La baie du Mont-saintmichel, un enjeu de préservation
La baie du Mont Saint Michel est reconnue ‘zone humide d’importance internationale’ depuis la convention de Ramsar en 1994. Elle représente une zone protégée, réservoir de biodiversité, de 47 000ha de Cancale à Granville.
Dimanche 18 février, l’écomusée de Vains a proposé une sortie ‘zones humides’ pour découvrir les prés salés de la baie, à l’occasion de la journée mondiale des zones humides du 2 février. Avec les grandes marées d’un coefficient de 107 et les forts vents, « la mer a envahi tous les prés salés » note Christelle Pigeon, médiatrice de l’écomusée, « on n’avait pas prévu ça ».
La baie du Mont Saint-michel, fait partie des 54 zones humides répertoriées en France, et protégées par la convention internationale de Ramsar. Les zones humides sont définis comme « des terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorges d’eau douce, salée ou saumâtre, de façon permanente ou temporaire ». La baie du Mont Saint-michel est reconnue comme une zone de marais salés. Les appellations locales d’herbus, ou de prés salés, correspondent en fait à des zones pâturées. « Autrefois, on considérait que ces zones humides étaient des zones insalubres, surtout au 17e et 18e siècle, et même au Moyen Âge, on trouvait dommage de laisser ces zones non utilisées, on considérait que c’était de la perte agricole et donc on a essayé d’assécher ces zones. Mais bien sûr, on s’est aperçu que ces zones étaient très importantes pour la biodiversité, pour tout ce qui est faune et flore ».
Paysage mouvant
La baie compte un nombre important de présalés. Les plus anciens présalés sont près du Mont Saint-michel, les polders, « ce sont les premiers prés salés, on les a endigués, on les a transformés en zones cultivables ». Près de Vains, les prés salés sont plus récents, « ici les prés salés sont très jeunes. On a des photos de 1930-1940, il n’y a pas du tout de prés salés, c’est du sable ». Les prés salés ne sont pas uniformes, ils sont dotés de criches, « il y a des zones plus basses, notamment au milieu, donc cet après-midi, vous allez avoir une mare d’eau ». La baie connait une forte sédimentation « chaque fois que la marée vient, il y a des sédiments qui se déposent » et créent des surélévations. « Ce sont des milieux changeants et mouvants à taille humaine, c’est-àdire que nous, on peut le voir, en quelques années ». La baie a aussi été le lieu de cultures passées, comme la production de sel dans la baie, dès le 10ème siècle jusqu’au 19ème, « il y avait 225 salines dans la baie du mont », ou les tanguières.
Écosystème de la baie
La zone humide de la baie a une faune et flore spécifique. Lors de la sortie matinale, la guide repère les espèces d’oiseaux en vol, comme le faucon crécerelle, « ils nichent chaque année ici », les bernaches, des oies sauvages présentes tout l’hiver, la Tadorne de belon, « on en a toute l’année, avec une très forte présence l’été, avant de muer vers le nord ». 68 espèces d’oiseaux d’intérêt communautaire fréquentent la baie, selon les données Ramsar. La baie accueille les espèces de phoques marins, gravelots, hermelles, etc. La terre, pourvue de plantes dites halophytes (qui supportent le sel), est nourricière pour les différentes espèces. l’obionedans la baie, on retrouve les plantes annuelles typiques de la zone, la salicorne, la soude. Et aussi des graminées, telles que la puccinellie.
Les zones humides sont des équilibres fragiles. « L’évolution de l’occupation des sols et des usages (artificialisation, intensification des pratiques agricoles) provoque une diminution de la valeur écologique et de l’attractivité du site pour l’avifaune » pointe le rapport de l’association Ramsar en 2022. « Enfin, les évolutions de la baie modifieront certains équilibres à long terme (sédimentation et élévation du niveau marin) ».
■ Une prochaine sortie sur les zones humides est prévue le 22 février. L’écomusée de Vains est ouvert du 10 février au 10 mars de 14h à 18h.