Un champignon indésirable trouvé sur le Marité
C’est lors de sa cure de jouvence que le constat a été dressé : le Marité est la proie d’un champignon, probablement un cousin de la mérule. « Une nouvelle qui fait partie de la vie d’un bateau », mais va alourdir la facture du carénage décennal.
Comme prévu, les trois mâts du vieux gréement Marité, qui porte depuis 2012 les couleurs de la Normandie à travers les mers, sont partis en Bretagne pour se refaire une beauté (à Meillac, en Ille-et-vilaine). De même, poulies, barres et voiles sont entrées en ateliers, et la coque est arrivée de son côté à Port-en-bessin, le 18 décembre 2023. Une nouvelle cloche a même été fondue chez Cornille-havard, à Villedieu-lespoêles, dans le cadre d’une cure de jouvence programmée, entre deux saisons.
« Sur des points sensibles »
2023 s’est terminée à merveille, année du centenaire de ce dernier terre-neuvier français, et saison record en nombre de passagers « avec l’accueil de 5000 personnes». 2024 démarre sur une note nettement discordante, avec un imprévu désagréable pour le GIP Marité (groupement d’intérêt public, propriétaire et armateur du navire), révéler des confrères d’ouest-france : un champignon a été repéré sur « des points sensibles », lors de l’inspection de la coque. « On attend les résultats de l’ensemble de l’expertise, en cours, à Port-en-bessin, où le chantier Bernard effectue le carénage décennal. Mais oui, il y a un champignon, c’est le lot des bateaux en bois, comme l’hermione ou la Granvillaise. Le Marité navigue depuis plus de dix ans. Évidemment, ce n’est pas très agréable, comme nouvelle, mais ça fait partie de la vie d’un bateau », commente Thierry Motte, chargé de communication pour le GIP Marité.
Des années d’abandon
Sans trop replonger dans les heures les plus difficiles du morutier, rappelons que son histoire a été marquée par plusieurs années d’abandon, entre 1973 et 1978, et une restauration mémorable. Lorsque tout est fait pour que le Marité revienne en France, sous l’impulsion de Jacques Chauveau, président français du World Ship Trust, et de Gérard d’aboville, navigateur, les ambitions sont grandes pour ce bateau de travail et témoin de l’époque de la grande pêche morutière sur
Terre-neuve.
Nous sommes en 2004 et un GIP prend forme pour faire de ce trois-mâts goélette un ambassadeur de la Normandie. Il aura fallu six ans de travaux, de son entrée en cale sèche à Cherbourg à son retour en mer en avril 2012, des années imposées par le « mauvais état de la structure », une restauration racontée en détail sur le site «lemarite.com». Elle était confiée déjà à l’époque au chantier Bernard, au savoirfaire établi.
À l’occasion du centenaire du navire, fêté en juin dernier, Gilles Auger, directeur du chantier, confiait combien le pari avait été grand et risqué de vouloir absolument sauver le Marité, une restauration «techniquement très intéressante ».
Aujourd’hui, en attendant le diagnostic officiel, la présence d’un champignon « cousin de la mérule » laisse à penser que l’enveloppe prévue pour le carénage décennal, de 280000 à 300 000 euros, sera un peu plus salée, et le chantier, peut être plus long que prévu. les bancs de
« C’est du patrimoine, en bois français. On fera le maximum pour qu’il renavigue », assure Thierry Motte. Le bois utilisé pour la rénovation, il y a plus de dix ans, venait de forêts écocertifiées pour le chêne (Perseigne, Versailles et Bélem) ou de forêts gérées selon les normes de développement durable pour le bois exotique (iroko, importé du Gabon).
On fera le maximum pour qu’il renavigue. THIERRY MOTTE, chargé de communication pour le GIP Marité