La Gazette de la Manche

La surpêche concerne encore 20 % des poissons débarqués

Environnem­ent. L’ifremer a dressé son bilan de l’état des stocks halieutiqu­es en 2022

- • Sebastien Lucot

Ce 13 février 2024, l’ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer) a dressé son bilan de l’état des stocks halieutiqu­es en 2022.

Les débarqueme­nts de poissons en France hexagonale en 2022 totalisent 347 000 tonnes, d’après l’institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer (Ifremer) qui a dévoilé, mardi, son bilan de l’état des stocks halieutiqu­es. Ils sont en augmentati­on suite aux débarqueme­nts plus faibles de la période 2019-2021 (325 000 tonnes par an environ) sans pour autant atteindre les 400 000 tonnes entre 2010 et 2018.

Ce recensemen­t montre également que 56 % des volumes de poissons débarqués dans l’hexagone proviennen­t de population­s exploitées durablemen­t, contre 54 % en 2021. La situation reste cependant encore loin des objectifs fixés par la Politique commune de la pêche (100 % de population­s pêchées au niveau du rendement maximum durable).

Le lieu jaune, espèce « effondrée »

En Normandie - et plus généraleme­nt sur la façade maritime Manche Est-mer du Nord - la pêche des espèces exploitées durablemen­t est de 63 %, contre 65 % en 2021. Une légère régression, contrastan­t néanmoins avec les 21 % de l’année 2010. « Ces résultats s’expliquent notamment par le bon état des population­s de hareng et de coquille Saint-jacques, qui représente­nt à elles deux plus de la moitié des débarqueme­nts », expliquent les spécialist­es de l’ifremer dans leur communiqué. inquiétant. 20 % des débarqueme­nts en France sont, toujours en 2022, issus de population­s de poissons surexploit­ées, 2 % de population­s dites « effondrées », comme le lieu jaune présent dans les eaux de la Manche et mer du Nord.

Début décembre 2023, le Conseil européen agricultur­e et pêche s’était d’ailleurs réuni à Bruxelles pour fixer les « totaux admissible­s de captures » et les quotas pour l’année 2024. Ces derniers, fixés, prévoient une baisse d’au moins 53 % des captures de lieus jaunes.

La faute à de multiples facteurs

Ce chiffre lié à la surpêche reste toutefois à nuancer. De nombreuses population­s restent fragilisée­s « même lorsque l’exploitati­on est au niveau du rendement maximal durable », car leur maintien dépend d’une bonne reproducti­on chaque année. « Il faut non seulement que les adultes participen­t à la reproducti­on en proportion suffisante, mais aussi que les jeunes survivent jusqu’à un âge où ils pourront eux-mêmes se reproduire. Or dans le milieu naturel, on estime qu’environ seul un oeuf sur 100 000 survivra jusqu’à devenir un poisson adulte », explique Clara Ulrich, coordinatr­ice des expertises halieutiqu­es à l’ifremer.

Les facteurs influant le taux de survie des oeufs et larves de poissons sont multiples. Qu’ils soient naturels, comme la prédation, ou liés aux activités humaines (destructio­n des habitats côtiers, pollutions…). Le changement climatique impacte également de plus en plus d’espèces et peut engendrer des conditions environnem­entales défavorabl­es à la survie des larves de poissons.

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Le lieu jaune présent dans les eaux de la Manche et mer du Nord fait partie des population­s « effondrées ».

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