La part des jeunes agriculteurs en difficulté augmente
L’association Solidarité paysans Basse-normandie accompagne les agriculteurs qui rencontrent des « difficultés passagères ou profondes ».
Solidarité Paysans Basse-normandie défend et accompagne les agriculteurs qui rencontrent des « difficultés passagères ou profondes », souvent technico-économiques mais aussi sociales quand, par exemple, deux associés ne s’entendent plus.
34 exploitations accompagnées
Mercredi 20 mars, l’association, qui intervient, à la demande des exploitants concernés, sur la Manche, l’orne et le Calvados, tenait son assemblée générale au Lieu-dix de Saintlô.
En 2023, elle a accompagné 134 exploitants dont 43 nouveaux entrants contre 51 en 2022. « La durée moyenne d’accompagnement est de 2 à 3 ans, l’âge moyen de 50 ans et la superficie moyenne des exploitations de 74 ha», précise la vice-présidente Liliane Quetron.
Sur les 134 fermes en difficulté, 112 sont toujours en activité. Ce sont dans la plupart des cas des exploitations « laitières et de forme individuelle ».
C’est dans la Manche que l’association a le plus de dossiers à gérer : 78 en 2023. « C’est aussi le département qui compte le plus d’agriculteurs en Bassenormandie », relativise Liliane Quetron.
Chaque situation est examinée avec bienveillance par un binôme de bénévoles. « Nous réalisons un accompagnement en prenant en compte la situation globale afin d’aider les agriculteurs à réaliser leurs objectifs ».
Ils sont 43 bénévoles dans l’association, majoritairement des retraités de l’agriculture, ex-paysans ou techniciens de ce secteur.
Tendance observée depuis 3 ans
Si le nombre de dossiers est en diminution après avoir connu un pic en 2021 et 2022, cette situation ne se vérifie pas dans la tranche des 2635 ans. « On a de plus en plus de jeunes installés récemment », relève le président Olivier Storez. Cette tendance est observée « depuis trois ans ». En 2023, le nombre de jeunes en difficulté a augmenté de plus de 50 %, passant le nombre de dossiers de 9 en 2022 à 13.
Cette situation inquiète Solidarité paysans « d’autant que de nombreux agriculteurs prendront leur retraite dans les dix prochaines années ». Elle alerte sur les problèmes rencontrés par les jeunes. Pour mettre en lumière certaines pratiques, elle en avait invité deux à témoigner, l’un de l’orne et l’autre de la Manche.
Ils ont témoigné
Aymeric, dans le Pays d’auge ornais, a connu un démarrage pour le moins compliqué. Avec sa compagne, l’installation s’est faite en deux temps « avec une augmentation de la dette » et le couple a été mal conseillé sur les conditions de reprise de l’exploitation, en particulier sur les baux. A cela s’est ajouté un gros problème sanitaire sur le cheptel : « Si on avait eu un troupeau sain, l’histoire n’aurait pas été la même. J’aurais dû demander un bilan sanitaire avant de signer ».
Paul, qui a repris une ferme dans la Manche, n’a pas connu ces écueils : « Avec mon cédant, on a fait un tour complet des baux et un bilan sanitaire a été fait. » Cela ne l’a pas empêché d’avoir des surprises mais limitées à quelques têtes de bétail qui avaient été écartées, non intentionnellement, du dispositif de contrôle. « Je conseille de faire une prise de sang sur l’ensemble du cheptel ». Ce contrôle sanitaire n’est pas obligatoire mais fortement recommandé.