La Gazette Val d'Oise

Voisinage : un enfer pendant dix ans

- François DESSERRE

« L’enfer, c’est les autres », disait Jean-Paul Sartre. À Conflans-Saint-Honorine, rue des Champs-du-Four, l’enfer s’appelait François-Xavier.

Depuis plus de dix ans, cet homme de 43 ans faisait vivre les pires tourments à son voisinage. À tel point qu’une pétition a circulé contre lui et que la police municipale a enregistré une vingtaine de mains courantes. La justice a décidé de s’en mêler alors que François-Xavier a menacé de mort sa plus proche voisine.

Sa victime est adjointe au maire

L’individu était convoqué mercredi 25 octobre devant le tribunal correction­nel de Versailles. Par courrier, il avait demandé le renvoi de l’affaire, se réfugiant derrière de nombreuses motivation­s familiales. Les juges ne le lui ont pas accordé, doutant de la véracité de ses écrits. C’est donc en son absence que le procès s’est déroulé.

Sa victime, en revanche, était bien présente. Certains la connaissen­t bien puisqu’il s’agit d’Aude Touret, septième adjointe au maire, déléguée à l’informatiq­ue, aux nouvelles technologi­es, au handicap et au jumelage.

Déterminée, l’élue a relaté les péripéties auxquelles elle a été confrontée, tout comme ses voisins. La plus récente date du 21 juillet. C’est elle qui a déclenché la procédure. « Il était près de 23h. Il avait encore mis sa musique à fond. Il a accepté d’arrêter. Mais vers 23h30, ce sont ses chiens qui ont pris le relais en aboyant », raconte Aude Touret.

Quatre jours plus tard, François-Xavier franchira la ligne rouge. « Si tu ne me laisses pas mettre ma musique, je te fume ! Je te tue ! », lance-t-il à Aude Touret. La police nationale intervient.

Des armes retrouvées

Il est placé en garde à vue. Une perquisiti­on à son domicile permet de découvrir des stupéfiant­s, des armes et des munitions. Aux enquêteurs, il affirme ne pas avoir menacé sa voisine. Ses paroles auraient été à l’adresse de ses chiens.

Face au tribunal, Aude Touret a voulu montrer son « courage », se faisant la porte-parole de tout le voisinage. « En 2006 déjà, une pétition avait circulé pour que ce Monsieur se calme. Il jouait de la batterie en pleine nuit. Il insultait les gens, nous traitait de tous les noms. Il voulait qu’on se taise et qu’on le laisse vivre sa vie. Cela ne pouvait plus durer ! »

« Je vais pendre ton fils »

Son avocat, maître Anthony Church, poursuit : « Plus de 10 ans que tout cela dure ! Il est allé jusqu’à laisser un message sur le répondeur d’un voisin en lui disant : « Je vais venir chez toi et pendre ton fils ! » Est-ce là une façon d’agir ? »

À cette question, le procureur de la République a répondu par la négative. « Face à ce voisin irascible, je réclame six mois de prison avec sursis, une interdicti­on de détenir des armes et d’entrer en contact avec la victime, ainsi qu’une obligation de suivre des soins. » À l’issue de l’audience, les juges ont fait preuve de plus de sévérité. Une peine de quatre mois ferme a été prononcée en plus de l’interdicti­on de contact. Les armes saisies ont été confisquée­s. François-Xavier devra également être soigné. Il devra aussi verser 500 € de dommages et intérêts à la victime.

Aude Touret s’est dite « soulagée » à l’issue du procès, espérant que l’homme « comprenne les choses et revienne à une attitude plus raisonnabl­e ».

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À Conflans-Saint-Honorine, rue des Champs-du-Four, l’enfer s’appelait François-Xavier.

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