Cergy : la loi des dealers
Entre le Ponceau et les Linandes se cache un tunnel, devenu au fil des mois une plaque tournante de la vente de drogue. Une dérive que dénoncent les riverains.
Le premier est tranquillement installé sur une chaise pliante. Debout, posté à ses côtés, le second, surveille les alentours. Pas de doute, aux abords du tunnel qui sépare le quartier du Ponceau de la place des Linandes, les dealers sont dans la place.
« Ils sont là tout le temps, soit à l’entrée du tunnel soit dans les escaliers qui mènent à l’avenue du Nord, il faudrait le dire à la mairie ! C’est dégueulasse, ils jettent tout un tas de trucs par terre. Et puis le soir, ce tunnel n’est pas éclairé, c’est un vrai coupegorge », peste ce Cergyssois domicilié au Ponceau depuis plusieurs années et qui a, au fil des mois, assisté impuissant à la prise de contrôle du territoire par les dealers.
Des habitants sous surveillance
Au Ponceau, le manège des vendeurs de drogue fait désormais partie du quotidien. Et malgré les interventions de la police, rien ne change. Au grand dam de ces Cergyssois confrontés à un trafic solidement enraciné avec lequel ils doivent cohabiter sans trop déranger…
Conséquence : certains éprouvent le sentiment de vivre sous la surveillance étroite des dealers et dans la peur des représailles. Un climat d’insécurité entre insultes, menaces et intimidation dont ils se sont ouvert l’été dernier à Jean-Paul Jeandon, maire Ps de Cergy. Sans trop d’effet jusqu’ici malgré l’action de la police. Les mois ont filé et les dealers n’ont pas relâché l’étreinte. Ils se sont simplement déplacés, désertant l’entrée du tunnel côté Ponceau pour celle située côté Linandes.
« Je comprends les nuisances des riverains que j’ai rencontrés et avec lesquels je suis toujours en contact mais c’est une action qui relève de la sécurité publique, réagit Jean-Paul Jeandon. C’est une affaire que je suis dans le cadre de mes compétences. La mairie n’est pas impuissante mais tout n’est pas dans la main du maire. On peut juste actionner des leviers. J’ai écrit au directeur départemental de la sécurité publique du Val-d’Oise. La police essaye de remonter la filière ».
Pour apporter une réponse efficace à ce type de trafics, le socialiste est convaincu que la loi doit être revue et corrigée. Il faudrait frapper au portefeuille les dealers.
Amendes et police de proximité
« La réglementation doit évoluer pour traiter ces points de deal. On ne peut pas mobiliser la police juste pour ça. Un système d’amende devrait être mis en place, ça permettrait une intervention plus rapide qu’une procédure pénale. Les services de police nous répètent qu’ils ne peuvent pas mettre en prison quelqu’un qui vend quelques grammes de résine de cannabis…»
Sur le front de l’éclairage, Jean-Paul Jeandon dit également agir. « On a prévenu l’entreprise Cylumine (qui gère l’éclairage public sur l’agglomération de Cergy-Pontoise, Ndlr), elle intervient régulièrement pour remettre la lumière, le problème, c’est que l’éclairage est très vite dégradé. C’est une bataille engagée et nous irons jusqu’au bout ».
Enfin, le maire de Cergy juge que le retour annoncé de la police de proximité à la mode Macron pourrait constituer une autre réponse au trafic de drogue. Jean-Paul Jeandon a écrit au ministre de l’Intérieur Gérard Collomb pour faire acte de candidature et expérimenter début 2018 à Cergy cette « police de sécurité du quotidien ». La dénomination officielle d’une police sur laquelle l’élu fonde beaucoup d’espoirs pour faire tomber la loi des dealers.