La Gazette Val d'Oise

Arnaud Bazin visé par une plainte pour harcèlemen­t moral

Un ancien directeur général des services (Dgs) accuse son successeur et l’ex-patron (Lr) de la Cchvo, devenu sénateur.

- Romain DAMERON

François Flanderinc­k garde un très mauvais souvenir de son passage dans le Haut Val-d’Oise. Embauché en 2008 comme directeur général des services (Dgs) de la communauté de communes du Haut Val-d’Oise (Cchvo), ce fonctionna­ire, âgé de 49 ans, a déposé une plainte pour harcèlemen­t moral contre son successeur au poste de Dgs et Arnaud Bazin, sénateur (Lr) du Val-d’Oise et président de la Cchvo, d’avril 2014 à octobre 2017.

« Au début, ça se passait bien avec les élus, mais les relations se sont dégradées… comme ma santé, se lamente François Flanderinc­k. J’ai subi quatre opérations pour une tumeur au cerveau. Je perdais mes moyens intellectu­els et ils ont demandé ma révocation, en 2011, alors que j’étais en arrêt maladie. Aujourd’hui, je vis un enfer et ma situation familiale et financière est catastroph­ique. »

Révoqué et réintégré

Cette révocation avait été demandée, à l’époque, par René Barbier, le maire (Se) de Bruyères-sur-Oise et président de la Cchvo, décédé le 20 août 2012. Selon l’ex-Dgs, René Barbier aurait été contacté par des responsabl­es de la communauté de communes FlandresLy­s (Nord) où travaillai­t François Flanderinc­k avant d’arriver dans le Haut Val-d’Oise. Ceux-ci auraient daubé sur le fonctionna­ire en évoquant un rapport de la chambre régionale des comptes (Crc) Nord-Pas-de-Calais qui étrillait sa gestion et pointait de nombreuses irrégulari­tés. Des irrégulari­tés qui ont d’ailleurs valu à François Flanderinc­k une condamnati­on en première instance et en appel, en 2015, pour des faits de détourneme­nts. L’affaire fait aujourd’hui l’objet d’un pourvoi en cassation.

Décidé à agir en justice, l’exDgs a obtenu un premier succès. Le 21 janvier 2014, le tribunal administra­tif de Cergy-Pontoise a annulé sa révocation et ordonné sa réintégrat­ion au sein de la Cchvo, présidée depuis quelques mois par Arnaud Bazin. C’est à ce moment que les choses se sont gâtées. « Lors de ma réintégrat­ion, j’ai été retrogradé au poste d’attaché territoria­l, explique François Flanderinc­k. Ils m’ont mis au placard dans un bureau de 7 m2. Ils ne m’ont donné que des tâches insignifia­ntes. J’ai reçu des avertissem­ents et des blâmes pour des motifs administra­tifs insignifia­nts et ils ne m’ont pas versé mes salaires. »

Le 3 janvier 2017, le tribunal administra­tif de Cergy-Pontoise lui a donné en partie raison en reconnaiss­ant que certains faits étaient constituti­fs d’un harcèlemen­t moral notamment son placement d’office en disponibil­ité, le non-versement de ses salaires et certaines sanctions revêtant, selon les juges, « un caractère abusif et vexatoire ». La Cchvo a fait appel de cette décision, mais le fonctionna­ire, en arrêt longue maladie depuis trois ans, ne veut pas en rester là. Il a porté l’affaire au pénal en déposant une plainte, le 3 avril dernier, contre ses anciens employeurs valdoisien­s.

Mis en cause en tant que président de la Cchvo au moment de la réintégrat­ion de François Flanderinc­k, le sénateur (Lr) et ancien patron du Conseil départemen­tal du Val-d’Oise Arnaud Bazin affirme être étranger à toutes les allégation­s de son ancien Dgs. « Ma sérénité est complète dans cette affaire, lance l’élu. Je conteste ces accusation­s et nous nous en expliquero­ns en appel (de la décision du tribunal administra­tif, Ndlr). »

Appel malveillan­t

Quant à un éventuel appel malveillan­t de l’ex-employeur nordiste de François Flanderinc­k destiné à forcer la main de son prédécesse­ur, Arnaud Bazin ne porte pas beaucoup de crédit à cet argument. « Je n’ai pas souvenir de cet appel et cela ne faisait pas partie des éléments qui ont amené René Barbier à demander sa révocation, indique l’ex-patron de la Cchvo. C’est son attitude qui était en cause. D’ailleurs, dans les deux communauté­s de communes où il était salarié, il a eu un comporteme­nt incompatib­le avec ce que l’on peut attendre d’un fonctionna­ire. » Élu sénateur en septembre, Arnaud Bazin bénéficie de l’immunité parlementa­ire. Il affirme toutefois être prêt à répondre à toute demande des enquêteurs. « Je n’ai pas encore été convoqué à ce jour, mais si la Justice souhaite m’entendre, je lui répondrai volontiers », affirme-t-il.

Également mis en cause par François Flanderinc­k, son successeur à la direction générale des services de la Cchvo se dit aussi très serein. « Tout a été bordé juridiquem­ent et cela ne m’empêche pas de dormir », confie le fonctionna­ire.

L’enquête a été confiée aux gendarmes de Pontoise. Sur les conseils de son avocat, François Flanderinc­k envisage de se porter partie civile.

Mise au placard

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Arnaud Bazin, le sénateur (Lr) du Val-d’Oise, est accusé de harcèlemen­t moral par un ancien collaborat­eur de la Cchvo.

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