L’incompréhensible folie meurtrière d’un policier
Samedi 18 novembre, un fonctionnaire de 31 ans s’est suicidé après avoir tué trois personnes et blessé trois autres, dont son ex-petite amie qui venait de rompre avec lui.
Un chien aboie au passage du facteur qui s’arrête devant la maison de la rue du Bocage ayant retrouvé son calme habituel en ce lundi matin après avoir été investie par les policiers au cours du week-end. L’homme regarde un moment le pavillon dont le portail, devant lequel deux barrières sont toujours installées, est fermé par un scellé de la police, avant de renfourcher son vélo. De l’autre côté de la rue, des voisins reviennent encore et toujours sur « l’horreur » qui a frappé ce quartier pavillonnaire tranquille du village à Sarcelles. Encore sous le choc, ils évoquent cette famille « très gentille et charmante », ces victimes décédées « uniquement parce qu’elles voulaient porter secours. On se dit que ça aurait pu être nous, si je m’étais trouvé dehors à ce moment-là que serait-il arrivé ? », s’interroge ce quadragénaire. Et de poursuivre dans son questionnement au sujet du policier meurtrier. « Qu’est-ce qu’il lui a pris ? Pourquoi at-il fait ça à des innocents ? Comment ne pas avoir peur aujourd’hui que cela arrive à nouveau ? »
Au lendemain de la tuerie de Sarcelles, l’émotion est aussi vive quel’ in crompréhens ion est totale et les inquiétudes grandissantes. Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles cherchent toujours à comprendre comment Arnaud Martin, 31 ans, un policier sans histoire, comme le décrivent ses collègues, a pu basculer dans la folie meurtrière à la suite d’une rupture amoureuse.
Séparation
Ce samedi 18 novembre, Arnaud Martin, gardien de la paix au sein de la Compagnie de sécurité et d’intervention à Paris 17e et résidant à Eaubonne, prend la direction de Sarcelles à la fin de son service. Vers 20h30, il retrouve Amélie, 25 ans, avec qui il est en couple depuis seulement six mois, rue de la Résistance, à quelques mètres de la maison de ses parents. « Elle l’attendait pour discuter de leur séparation dans sa voiture », a indiqué le procureur de la République de Pontoise, Éric Corbaux. La jeune femme reprocherait au policier sa jalousie excessive. Le ton monte rapidement et le fonctionnaire sort son arme de service avec laquelle il assène plusieurs coups de crosse au visage d’Amélie avant de lui tirer deux fois dessus. Arnaud abat ensuite deux hommes qui se trouvaient dans la rue et tentent d’intervenir. Steeve, 30 ans, qui écoutait de la musique dans sa voiture garée devant chez lui, et Dominique, père de famille de trois enfants de 7, 11 et 14 ans, sorti acheter des cigarettes et dont la femme avait préparé une surprise pour son quarante-quatrième anniversaire ce jour-là.
Il se suicide dans le jardin
La folie meurtrière du policier ne s’arrête pas là. L’homme se rend ensuite au domicile des parents d’Amélie. Passé par le jardin, Arnaud frappe à la porte vitrée. Yannick, son beau-père, s’approche et découvre le fonctionnaire qui ouvre le feu à travers la vitre. L’homme de 57 ans est mortellement touché à l’abdomen. Arnaud tire à plusieurs reprises en direction du salon atteignant la mère de Nathalie, Annick, au thorax, et sa soeur, Clémence, à une jambe. Le policier, qui a également abattu le chien de la famille, s’est ensuite suicidé. « Il a été retrouvé mort d’une balle dans la tête, son arme à la main, au fond du jardin », selon le parquet.Si l’état d’Amélie et de sa soeur avait pu être stabilisé dimanche, leur pronostic vital n’étant plus engagé, leur mère luttait, elle, encore contre la mort.
« Un bon fonctionnaire »
« Selon ses chefs de service, Arnaud Martin était un bon fonctionnaire, ancien gendarme mobile très rigoureux », a ajouté le procureur de la République de Pontoise. « Il n’a pas supporté la rupture. C’est quelqu’un qui, à un moment donné, déraille totalement. Comme il est armé, il peut tirer. C’est le drame de la police », a, pour sa part, indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Comme tous les autres policiers depuis les attentats du 13 novembre 2015, Arnaud Martin avait le droit de garder son de service en permanence. Gérard Collomb a annoncé que malgré ce drame, les policiers « resteront armés » hors service.