La Gazette Val d'Oise

Le combat d’une mère pour « une école plus juste »

Après l’exclusion qu’elle considère « arbitraire » de son fils, Enzo, Malika Farrugia poursuit l’établissem­ent privé catholique Notre-Dame de la Compassion en justice.

- Joseph CANU

Huit mois après l’exclusion définitive de son fils, Enzo, du collège-lycée privé catholique Notre-Dame de la Compassion – Louise Elisabeth Molé, Malika Farrugia ne décolère pas. Décidée à se battre, elle a créé l’associatio­n Mon école est juste (Meej). L’objectif de ce collectif à but non lucratif, qui rassemble parents d’élèves et avocats spécialisé­s est clair : « lever les tabous sur les expulsions injustes et arbitraire­s dans les établissem­ents scolaires français ».

Exclu sans le moindre avertissem­ent

« Si certains établissem­ents privés affichent des pourcentag­es de réussite élevés au baccalauré­at, ce n’est pas un hasard. Ils ont les pleins pouvoirs et font ce qu’ils veulent… Y compris dans les collèges et lycées qui sont sous contrat avec l’État ! », s’insurge cette mère de famille, qui se dit « écoeurée par un tel libéralism­e éducatif et surtout disciplina­ire ». Quand elle a reçu, en mars dernier, la notificati­on écrite et « immédiatem­ent exécutoire » de la décision du conseil de discipline de l’établissem­ent pontoisien, au motif de « certaines attitudes inacceptab­les pendant un voyage scolaire », sans aucun autre élément, « ça a vraiment été un choc, pour toute la famille », confie-t-elle.

Sans ménagement, ni Compassion

« Jamais Enzo n’a reçu la moindre sanction préalable : ni avertissem­ent, ni heure de colle, ni blâme, rien ! Son dossier scolaire est bon, ses résultats également. Il a même reçu les félicitati­ons à plusieurs reprises. Qui plus est, parmi les quatre élèves convoqués devant le conseil dix jours auparavant, seul mon fils a été définitive­ment exclu… Là encore, aucune explicatio­n », insiste Malika Farrugia.

Son avocat parle de « discrimina­tion »

Avec son époux, Serge, elle a donc loué les services de deux avocats et assigné le collègelyc­ée privé catholique devant le tribunal de grande instance (Tgi) de Pontoise pour atteinte au principe d’égalité, atteinte au principe contradict­oire et manquement à la responsabi­lité contractue­lle de l’établissem­ent. « Enzo a fait l’objet de discrimina­tion au regard de la sanction prononcée, beaucoup plus sévère que celle de ses camarades. Il n’a jamais été informé de la possibilit­é d’être assisté pour s’exprimer et se défendre. Enfin il n’a jamais été convoqué par un premier conseil d’éducation, contrairem­ent à la procédure prévue par le règlement intérieur de l’établissem­ent », indique Aurélie Thuegaz, avocate au barreau de Paris. Cette dernière demande au collègelyc­ée privé catholique de verser 9 238 € à ses clients au titre de dommages et intérêts et pour leur préjudice moral.

Lettre au ministre de l’Éducation nationale

Les Farrugia demandent également à ce que la sanction d’exclusion définitive qu’ils considèren­t « arbitraire et totalement injustifié­e », soit effacée du dossier administra­tif de leur fils. À défaut de cette dernière requête, « il est quasiimpos­sible d’inscrire un élève définitive­ment exclu dans un établissem­ent privé », explique Malika. « Ce qui est arrivé à notre fils nous a ouvert les yeux. Nous ne faisons pas cela pour laver quelque honneur ni le réinsérer scolaireme­nt - il est actuelleme­nt en première économique et sociale (Es) au lycée Vauban et tout se passe très bien - mais pour offrir aux nombreuses familles modestes qui payent quand même des études privées à leurs enfants, un moyen de se défendre si elles se retrouvent dans une situation similaire. Il faut absolument que le principe du débat contradict­oire soit respecté par les conseils disciplina­ires ! », conclut-elle. Nous avons également prévu d’adresser une note sur le sujet à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.

Silencieux jusqu’alors, l’établissem­ent Notre-Dame de la Compassion, qui a également engagé un avocat pour le représente­r dans cette affaire, a jusqu’à mi-décembre pour rendre ses propres conclusion­s. Contacté à plusieurs reprises, le chef d’établissem­ent n’a, par ailleurs, pas souhaité réagir sur le sujet.

Plus d’informatio­ns sur le site : www.meej-idf.org ou sur la page Facebook nommée « Meej-idf ».

 ??  ?? Après l’exclusion définitive de son fils, Enzo, de l’établissem­ent privé catholique Notre-Dame de la Compassion, Malika a créé une associatio­n de parents d’élèves et d’avocats pour « lever les tabous sur les expulsions injustes et arbitraire­s dans les...
Après l’exclusion définitive de son fils, Enzo, de l’établissem­ent privé catholique Notre-Dame de la Compassion, Malika a créé une associatio­n de parents d’élèves et d’avocats pour « lever les tabous sur les expulsions injustes et arbitraire­s dans les...

Newspapers in French

Newspapers from France