La Bei sacrifiée sur l’autel des restrictions budgétaires
La bibliothèque d’étude et d’information va fermer ses portes. Une décision prise par l’agglomération dans une logique de rationalisation des dépenses.
Épilogue pour la Bibliothèque d’étude et d’information (Bei). Créée en 2001, cette structure indissociable de l’histoire de la Ville nouvelle, qui a vu passer par ses rayonnages une ribambelle de Cergypontains en quête de savoir, va fermer ses portes dans les prochains mois.
L’oraison funèbre de ce lieu de culture perché sur la place des Arts, près du conservatoire, a été prononcée par Dominique Lefebvre, président Ps de l’agglomération cergypontaine, lors du dernier conseil communautaire. Une séance dont l’ordre du jour était notamment consacré aux orientations budgétaires 2018.
Dans un contexte financier contraint où la priorité est toujours à l’économie, l’agglo regarde à la dépense. « Il faut rationaliser », ne cache pas Dominique Lefebvre.
Après la réduction drastique des créneaux horaires publics dans certaines piscines du territoire, l’agglo s’attaque cette fois à la Bei. Avec toujours le même objectif en bandoulière : réduire la facture dans une logique de « priorisation des politiques publiques ».
L’aménagement d’un Learning center, en lieu et place de l’ancienne patinoire, n’est pas étranger à cette décision. Le patron de l’agglo considère que la Bei n’aura plus de raison d’être quand cette bibliothèque des temps modernes sera opérationnelle, à l’horizon 2019. Le voisinage avec d’autres bibliothèques situées sur le parvis préfecture est également à l’origine directe de cette fermeture annoncée, dont le calendrier n’est pas encore connu.
« Ce qui a été autrefois prioritaire ne peut plus l’être dans les mêmes formes aujourd’hui, confirme Dominique Lefebvre. La politique communautaire de lecture publique n’exige pas dans le contexte actuel de maintenir en fonctionnement un équipement comme la Bei, d’autant plus qu’il y a à proximité immédiate une bibliothèque universitaire centrale et une médiathèque municipale en fonction et un projet de Learning Center au sein du futur Campus International ».
« Priorisation des politiques publiques »
Salariés sous le choc
À la Bei, les 15 salariés sont sous le choc. « Le président est arrivé à ses fins car il n’a jamais voulu de cette Bei qui lui a été imposée par Alain Richard (ancien président du San, ancêtre de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise). Aujourd’hui, il la ferme sans autre forme de procès, on a l’impression d’être victime d’une revanche, d’une rancoeur politique », réagit cette salariée, sous couvert d’anonymat. Le président ne se rend pas compte de sa décision car il a une méconnaissance totale de notre travail ».
Présentée aux syndicats, la fin de la Bei ne laissera aucun de ses salariés, protégés par leur statut de fonctionnaire, sur le carreau. Mais ils devront choisir : entre adhérer à un nouveau projet en lien avec le Conservatoire à rayonnement régional (Crr) ou demander à être reclassés.
« La fermeture programmée de la Bei fait l’objet de réflexions internes y compris, bien évidemment, avec les 17 collaborateurs (Ndlr : les salariés évoquent le nombre de 15) de cet équipement depuis la rentrée, précise le président de l’agglo. Une partie de ces agents pourrait ainsi rejoindre les équipes des bibliothèques municipales à la faveur de mobilités professionnelles, comme une partie de l’activité consacrée à la musique (partothèque, prêts de Cd et vinyles) pourrait être conservée en liaison avec le Crr. »