La gauche en colère
Des dizaines de militants ont manifesté avant le conseil municipal, dénonçant une remise en cause de leur « liberté d’expression » par Florence Portelli.
« Contre le mépris et les propos blessants, résistance ! » « Souffrance au travail, en parler c’est urgent », « Dialogue oui, interrogatoire non ». Avec leurs pancartes, plusieurs dizaines de militants du Pcf, du Front de gauche et de la France insoumise, se sont rassemblés devant l’hôtel de ville, place du Marché-Neuf, mercredi 15 novembre, avant le conseil municipal. Objectif, montrer leur soutien aux douze membres du bureau du Front de gauche de Taverny qui ont été mis en examen, suite à leur tract distribué début 2016. Un prospectus critique envers la majorité, dans lequel étaient évoqués entre autres « une gestion des personnels communaux arbitraire » où « les dysfonctionnements et les humiliations se multiplient ». Le tract dénonçait le cas d’un agent qui « victime de harcèlement, a tenté de se suicider sur son lieu de travail ».
« Autoritarisme »
Des « contre-vérités malhonnêtes » selon la maire (Lr) de Taverny, Forence Portelli, qui a porté plainte pour diffamation. Le conseil municipal lui a accordé la protection fonctionnelle. La Ville prend en charge ses frais de procédure.
« La maire de Taverny ne supporte pas la contradiction, cette plainte est la marque de son autoritarisme. C’est une remise en cause de notre liberté d’expression », s’indigne Sylvie Boulanger, membre du Front de gauche.
Pour Bruno Devoize, conseiller municipal d’opposition, également mis en examen, il s’agit « d’une tentative d’intimidation. Mme le maire fuit le débat. Elle saisit la justice quand nous aurions aimé qu’elle nous réponde sur le plan politique ».
Tous se disent convaincus, « preuves » et « témoignages » à l’appui, que la justice leur donnera raison. « Cette plainte est une façon de faire perdre du temps et de l’énergie à l’opposition, c’est une stratégie politique », estime Cathy Pinheiro, venue de Montlignon. Patrick Couffin, ancien élu de Taverny également mis en examen, affirme que « tenter de se suicider sur son lieu de travail n’est jamais anodin comme on l’a vu à Auvers-surOise ou chez Orange.»
Mais aucun syndicat ni agent n’étaient présents à la manifestation. « Parce qu’ils ont peur », affirme Patrick Couffin. « Cette manifestation est un non-événement, c’est un bide », estime pour sa part Florence Portelli, qui dénonce « les méthodes abjectes venant de l’extrême gauche, mais dignes de l’extrêmedroite et du Fn. Je respecte la liberté d’expression, mais ça n’autorise pas à tout dire. Il y a des choses punies par la loi. J’ai le droit de porter plainte comme n’importe quel citoyen. Ce tract immonde disait que j’aurais poussé au suicide un agent de la ville, alors que cela relevait de faits d’ordre privé de la part d’un agent que j’ai d’ailleurs aidé. Cette personne est écoeurée par l’instrumentalisation de sa vie privée. Elle a d’ailleurs témoigné en ma faveur dans le cadre de cette procédure. Toutes ces accusations n’ont jamais été évoquées en comité technique paritaire ni soulevées par les syndicats Cgt et Cfdt. Il n’y a aucune plainte contre moi. »
« Méthodes abjectes »
Concernant les accusations de « museler l’opposition », l’élue juge cela « ridicule. Leurs affiches sont partout sur les panneaux de la Ville et elles y restent. En fait, ils ne digèrent pas avoir perdu les élections ».
Les manifestants se voient quant à eux comme des « lanceurs d’alerte ». La justice devra trancher.