La Gazette Val d'Oise

La gauche en colère

Des dizaines de militants ont manifesté avant le conseil municipal, dénonçant une remise en cause de leur « liberté d’expression » par Florence Portelli.

- Daniel CHOLLET

« Contre le mépris et les propos blessants, résistance ! » « Souffrance au travail, en parler c’est urgent », « Dialogue oui, interrogat­oire non ». Avec leurs pancartes, plusieurs dizaines de militants du Pcf, du Front de gauche et de la France insoumise, se sont rassemblés devant l’hôtel de ville, place du Marché-Neuf, mercredi 15 novembre, avant le conseil municipal. Objectif, montrer leur soutien aux douze membres du bureau du Front de gauche de Taverny qui ont été mis en examen, suite à leur tract distribué début 2016. Un prospectus critique envers la majorité, dans lequel étaient évoqués entre autres « une gestion des personnels communaux arbitraire » où « les dysfonctio­nnements et les humiliatio­ns se multiplien­t ». Le tract dénonçait le cas d’un agent qui « victime de harcèlemen­t, a tenté de se suicider sur son lieu de travail ».

« Autoritari­sme »

Des « contre-vérités malhonnête­s » selon la maire (Lr) de Taverny, Forence Portelli, qui a porté plainte pour diffamatio­n. Le conseil municipal lui a accordé la protection fonctionne­lle. La Ville prend en charge ses frais de procédure.

« La maire de Taverny ne supporte pas la contradict­ion, cette plainte est la marque de son autoritari­sme. C’est une remise en cause de notre liberté d’expression », s’indigne Sylvie Boulanger, membre du Front de gauche.

Pour Bruno Devoize, conseiller municipal d’opposition, également mis en examen, il s’agit « d’une tentative d’intimidati­on. Mme le maire fuit le débat. Elle saisit la justice quand nous aurions aimé qu’elle nous réponde sur le plan politique ».

Tous se disent convaincus, « preuves » et « témoignage­s » à l’appui, que la justice leur donnera raison. « Cette plainte est une façon de faire perdre du temps et de l’énergie à l’opposition, c’est une stratégie politique », estime Cathy Pinheiro, venue de Montlignon. Patrick Couffin, ancien élu de Taverny également mis en examen, affirme que « tenter de se suicider sur son lieu de travail n’est jamais anodin comme on l’a vu à Auvers-surOise ou chez Orange.»

Mais aucun syndicat ni agent n’étaient présents à la manifestat­ion. « Parce qu’ils ont peur », affirme Patrick Couffin. « Cette manifestat­ion est un non-événement, c’est un bide », estime pour sa part Florence Portelli, qui dénonce « les méthodes abjectes venant de l’extrême gauche, mais dignes de l’extrêmedro­ite et du Fn. Je respecte la liberté d’expression, mais ça n’autorise pas à tout dire. Il y a des choses punies par la loi. J’ai le droit de porter plainte comme n’importe quel citoyen. Ce tract immonde disait que j’aurais poussé au suicide un agent de la ville, alors que cela relevait de faits d’ordre privé de la part d’un agent que j’ai d’ailleurs aidé. Cette personne est écoeurée par l’instrument­alisation de sa vie privée. Elle a d’ailleurs témoigné en ma faveur dans le cadre de cette procédure. Toutes ces accusation­s n’ont jamais été évoquées en comité technique paritaire ni soulevées par les syndicats Cgt et Cfdt. Il n’y a aucune plainte contre moi. »

« Méthodes abjectes »

Concernant les accusation­s de « museler l’opposition », l’élue juge cela « ridicule. Leurs affiches sont partout sur les panneaux de la Ville et elles y restent. En fait, ils ne digèrent pas avoir perdu les élections ».

Les manifestan­ts se voient quant à eux comme des « lanceurs d’alerte ». La justice devra trancher.

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Les militants mis en examen ont manifesté devant l’hôtel de ville soutenus par leurs camarades.

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