« Une personne entière et passionnée »
Originaire du Plessis-Bouchard, journaliste à Radio France, Marine Chailloux a croisé à deux reprises AnneLorraine Schmitt, alors qu’elle était étudiante.
« J’ai eu la chance de croiser Anne-Lorraine à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis puis nous nous sommes retrouvées au Celsa. À chaque fois j’étais dans la promo au-dessus d’elle donc je n’ai pas eu la chance d’être dans sa classe. Je dis la chance car quand je la côtoyais en dehors des cours elle était toujours de bonne humeur, souriante, joviale, très drôle. Elle était ce qu’on appelle une belle personne, entière et passionnée. Je garde de très bons souvenirs de francs fous rires entre promotions à la Légion d’honneur.
Professionnellement parlant sa mort a été pour moi un grand choc. Je me souviens parfaitement du jour de sa disparition. J’étais à l’étranger pour suivre une formation au blog organisée spécialement pour des femmes journalistes de l’Euro-Méditerrannée. Le but était de les former aux nouveaux outils afin qu’elles puissent mieux s’exprimer, mieux pouvoir faire leur travail de journaliste. Sa disparition symbolisait justement les attaques et les violences faites aux femmes. Comme je la connaissais et que les liens de la Légion d’honneur sont très forts, il y a eu un élan de solidarité incroyable chez les anciennes élèves.
En tant que journaliste, ça m’a marquée aussi car nous sommes souvent amenés à couvrir ce que l’on nomme des faits divers mais quand on connaît la victime, on se rend compte à quel point cette expression est fausse. Ce n’est pas un fait divers. Et je n’ai plus jamais travaillé de la même façon depuis sa disparition. Je fais beaucoup plus attention aux familles et à leur douleur. Je ne traite plus un fait divers comme n’importe quelle information.
Le studio dans lequel les étudiants du Celsa apprennent la radio porte désormais son nom. Lorsque j’y entre, je vois cette plaque gravée :Anne-Lorraine Schmitt. À chaque fois j’ai des frissons et une pensée pour elle. Mais je suis heureuse que ce studio porte son nom car elle aurait été une très bonne journaliste, très humaine. Et son nom, sa présence, nous oblige, à toujours avoir de la déontologie et de la passion pour ce métier ».