Les champignons, témoins du réchauffement climatique
L’association Iasef a lancé une grande enquête participative pour géolocaliser de nouvelles espèces de champignons dans les forêts valdoisiennes.
Quand le climat se réchauffe, les champignons montent au Nord. Ce constat, les membres de la section mycologie de l’association Iasef (Initiatives et actions pour la sauvegarde de l’environnement et des forêts) le font quasiment à chacune de leur sortie. Afin d’évaluer la situation et de recenser l’apparition (ou la disparition) de certaines espèces sous nos latitudes, l’association adamoise a lancé une grande enquête participative via son site Internet (www.iasef.fr).
Le 27 janvier, lors de leur assemblée générale, les membres de Iasef ont fait un point sur cette enquête au long cours, démarrée en 2014 et pilotée par Daniel Maurel, guide de la Société mycologique de France et membre de Iasef. Ces recherches ont permis de recenser un peu plus de 200 espèces de champignons dans les trois massifs forestiers principaux du Val-d’Oise : L’Isle-Adam, Carnelle et Montmorency. L’idée de lancer cette enquête a démarré avec l’apparition d’un champignon délicieux dans nos contrées : l’oronge ou amanite des Césars. « C’est un champignon que l’on trouve habituellement au sud de la Loire, mais depuis quelques années, il a commencé à pousser plus au nord, explique Daniel Maurel. On en trouve maintenant à Fontainebleau, Rambouillet et chez nous, en forêt de Carnelle. »
Si certaines espèces venues du sud de la France ou d’Espagne font leur apparition, d’autres ont tendance à se raréfier voire à disparaître complètement de nos sous-bois. « En 2017, on a constaté que certaines espèces poussaient plus tôt ou plus tard, confie le mycologue. Par exemple, on trouve de moins en moins de morilles et de coulemelles. Par contre, la chanterelle en tube pousse encore alors qu’auparavant, on n’en trouvait plus après les premières gelées. On pense que les champignons sont des indicateurs du changement climatique. C’est ce que nous essayons de démontrer. »
40 ans d’étude
Tout ceux qui le souhaitent peuvent participer à l’enquête mycologique de Iasef. Il suffit de photographier un spécimen rencontré, de le géolocaliser et d’enregistrer ces données sur le site de Iasef. Un mycologue décortique ensuite les informations transmises et les corrige si nécessaire. Toutefois, le travail ne fait que commencer pour les observateurs. « Il faudra peut-être quarante ans pour connaître la situation précise », affirme Daniel Maurel.
Romain DAMERON Prochaine sortie mycologique Iasef : dimanche 18 mars, au bois de Vallangoujard. Rendez-vous à 14h, à la gare de Frépillon ou directement sur le site, parking de l’Église, à Vallangoujard, à 14h30.
Enquête au long cours