La Gazette Val d'Oise

Le Républicai­n Antoine Savignat élu député

Antoine Savignat (Lr) a battu Isabelle Muller-Quoy (Lrem) avec 51,45% des suffrages.

- Romain DAMERON et Julien DUCOURET

« La victoire du terrain »

Coup d’arrêt chez les Marcheurs

Deux épines dans le pied dans la même soirée pour les Marcheurs. Dans le Val-d’Oise, comme dans le Territoire de Belfort, la droite reprend du poil de la bête lors des deux législativ­es partielles organisées la semaine dernière.

Élue députée en juin dernier avec 54,23% des voix, puis invalidée le 16 novembre 2017 par le Conseil constituti­onnel, Isabelle Muller-Quoy (La République en marche) a été battue par Antoine Savignat (Les Républicai­ns / Udi) dimanche 4 février, lors de l’élection législativ­e partielle de la première circonscri­ption du Val-d’Oise.

Un coup d’arrêt pour l’adjointe au maire de Champagnes­ur-Oise qui était arrivée en tête au premier tour, dimanche 28 janvier, avec 29,28% des suffrages contre 23,67% à son adversaire. Et qui au vu du résultat du premier acte, s’était même aventurée sur un terrain qui s’avèrera glissant sept jours plus tard : « Le recours de mes opposants n’était pas si utile que ça ». Mauvaise pioche…

De son côté, l’avocat pontoisien affichait un large sourire à l’annonce de cette victoire presque « surprise » pour lui. Il truste 51,45% des suffrages contre 48,55% à son adversaire, soit 405 voix d’écart. À noter que l’abstention s’élève à 80,91%.

« Je n’y croyais plus vraiment encore ce matin (Ndlr : dimanche 4 février) », admet le successeur de Philippe Houillon, député (Lr) de la première circonscri­ption de 1993 à juin 2017. Pour le nouveau député, ce n’est pas sa victoire mais celle de toute une équipe.

« C’est la victoire de la proximité, des militants et des valeurs. » Après onze mois de campagne, Antoine Savignat vit son élection comme un soulagemen­t. Idem pour ses proches et son équipe.

« J’avais soumis l’idée qu’Antoine me succède. Je savais qu’il matcherait avec les électeurs de la première circonscri­ption. Ça a pris un peu plus de temps que prévu », résume Philippe Houillon.

Si la plupart des forces politiques ont voulu ramener cette élection valdoisien­ne à un test national, le nouveau député l’a toujours considérée « comme une élection locale. Avec ses propres enjeux. Le simple affichage d’une étiquette politique ne suffit pas. La preuve ce soir avec la défaite de la candidate de La République en marche. »

Pour autant, quelques jours avant, les ténors des deux camps s’étaient mobilisés (lire ci-dessous). Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez mercredi 31 janvier à Sagy, dans le Vexin, pour Antoine Savignat. Édouard Philippe et Christophe Castaner, le lendemain à Pontoise pour Isabelle Muller-Quoy. Autre ambiance dans le Qg d’Isabelle Muller-Quoy. Il fait un froid polaire en ce dimanche soir, à Pontoise. À l’intérieur de la salle Hermine, l’ambiance est aussi glaciale qu’à l’extérieur. La vingtaine de militants-marcheurs présents discutent à voix basse. Tendus, certains font les cent pas en scrutant nerveuseme­nt leur téléphone, à l’affût d’une bonne nouvelle en provenance de la préfecture ou des communes clés. Las, dans le camp macroniste, l’euphorie de juin 2017 a laissé place au dépit.

« On est en tête à Beaumont, mais c’est perdu à Persan et à Magny. Ça se tient à deux points », marmonne un membre de l’équipe de campagne d’Isabelle Muller-Quoy. « Je ne le sens pas très bien, souffle Bruno Huisman, le maire (Lrem) de Valmondois. Il y a un fort niveau d’abstention et beaucoup de voix qui se sont éparpillée­s au premier tour ne sont pas revenues. »

L’édile valmondois­ien a vu juste. Avec un taux de participat­ion de 19,09 %, La candidate Lrem n’a pas réussi à mobiliser l’électorat qui l’avait portée au Palais-Bourbon huit mois plus tôt. À 21h20, elle déboule au milieu de ses partisans. Prenant connaissan­ce des derniers résultats, elle sait que l’affaire est pliée.

« On va féliciter Antoine Savignat pour sa victoire, annonce-t-elle. On aura un député sans états d’âme qui devra réconcilie­r les électeurs de cette circonscri­ption. »

Refusant d’analyser sa défaite à l’aune d’un vote sanction contre la politique gouverneme­ntale, Isabelle Muller-Quoy désigne l’abstention record comme seule responsabl­e : « 20 % de participat­ion, c’est terrible. Cela exprime une fracture profonde entre la société et la vie politique. Les électeurs ne se sont pas mobilisés et j’ai coalisé toutes les opposition­s. Visiblemen­t, les électeurs de gauche ne se sont pas déplacés et mon adversaire a bénéficié d’un bon report des voix du Fn. »

Battue mais pas amère, l’éphémère députée de la première circonscri­ption veut désormais réfléchir à son avenir. « C’était une belle expérience. Je suis heureuse de l’avoir vécue, sourit Isabelle MullerQuoy. J’ai eu une vie avant la politique. Je vais poursuivre ma vie publique dans ma commune et je continuera­i à soutenir la majorité présidenti­elle. »

 ??  ?? Dimanche soir dans les deux camps à Pontoise.
Dimanche soir dans les deux camps à Pontoise.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France