La Gazette Val d'Oise

Condamnée pour avoir torturé son fils de 11 ans

- Thomas HOFFMANN

« Ce qui s’est passé c’est grave, souffle S. avant de poursuivre, d’une voix tremblante d’émotion. Même si elle n’est pas parfaite, c’est ma maman. Elle a fait de la prison, tout ça nous a ouvert les yeux. Je ne pense pas qu’elle mérite une autre punition pour ce qu’elle a fait. » Les mots de l’adolescent de 17 ans auront certaineme­nt pesé auprès des jurés au moment de rendre leur verdict, tout comme les regrets de sa mère. Jugée pour actes de torture et de barbarie sur son fils de 11 ans à l’époque des faits en 2012, N., 33 ans, ne retournera finalement pas en prison. Au terme de trois jours d’audience, la cour d’assises a condamné, mercredi 14 février, la mère de famille à cinq ans de prison dont quatre ans et trois mois de sursis mise à l’épreuve, une peine couvrant la détention provisoire effectuée.

Une décision qui va permettre à S. et sa mère de poursuivre leur reconstruc­tion familiale, alors que l’accusée devra, par ailleurs, suivre des soins mais aussi travailler ou se former, sous peine d’être incarcérée à nouveau. « J’attends que ça se termine, je veux rentrer à la maison », lâchait l’adolescent à la barre mardi, avant de confirmer par un « oui » franc « l’impression » du président « que cette épreuve [les] a rapprochés [sa] mère et [lui] ».

Quelques instants plus tôt, le magistrat était revenu sur cette soirée du 26 mai 2012 au cours de laquelle S. avait subi les violences de sa mère dans la cuisine de l’appartemen­t familial de Sarcelles.

Le jeune garçon, qui a lui même avoué qu’il faisait « beaucoup de bêtises » et était « insolent » à cette époque, était rentré vers 22h après avoir joué au foot avec ses copains. Une attitude que ne supporte plus sa mère. Expliquant au cours de l’audience qu’elle était comme possédée, N. lance alors à son fils : « Tu m’as fait mal, je te fais mal ». Elle ferme la porte de la cuisine et ordonne au garçon de se déshabille­r avant d’allumer la plaque chauffante de la gazinière. Chauffée au rouge, elle lui demande de poser la main dessus. S. refuse.

À trois reprises, sa mère place alors un verre d’eau au micro-onde durant cinq minutes puis lance l’eau brûlante sur le torse du garçon. « J’avais des brûlures sur le ventre et la poitrine », précise la victime. Son calvaire ne s’arrête pas là. Après lui avoir lancé « j’en ai marre », la maman se saisit d’un couteau, chauffe la lame à l’aide de la plaque chauffante qu’elle appose ensuite sur le bras de son fils. « Ça m’a fait mal et m’a même retiré de la peau. » Les policiers intervienn­ent alors après avoir été alertés par des voisins qui avaient entendu les cris du jeune garçon. Jusqu’où serait-elle allée sans l’interventi­on des fonctionna­ires ? N. n’aura pas répondu à cette question au cours de l’audience durant laquelle la cour est revenue sur son parcours difficile. Abandonnée par sa mère a 14 ans, elle sera violée un an plus tard par un homme de 40 ans et tombera enceinte de S.

Un enfant pour lequel elle a rappelé son amour, évoquant ce nouveau départ depuis qu’il est revenu à la maison. « Pour l’instant ça se passe bien, confie S. Ma mère fait des efforts et moi aussi. » Dans une lettre envoyée à sa maman, alors qu’il était placé en foyer, l’adolescent avait également insisté sur cette envie de reconstrui­re leur vie de famille. « Tu es ma mère et tu le resteras toujours. Je t’aime quand même malgré ce que tu m’as fait. Ce qui s’est passé est du passé, on va rattraper le temps perdu. »

Brûlé avec de l’eau bouillante et la lame chauffée d’un couteau

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