Mehdi Charef, mémoires d’un enfant des baraquements
Connu pour ses romans et ses films, l’écrivain, scénariste et réalisateur adamois, âgé de 65 ans, travaille actuellement à la rédaction de ses mémoires. L’ouvrage devrait être publié avant la fin de l’année.
C’est en 1962 que Mehdi Charef quitte l’Algérie avec sa famille pour rejoindre la France. Il fait partie de la première génération d’enfants d’immigrés algériens à rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. À son arrivée, il n’a que 10 ans et découvre alors la France au travers des baraquements du bidonville de Nanterre puis des cités de transit après la démolition des campements improvisés. À cette époque, l’immigré ne posait pas de problème tant qu’il travaillait. « On a fait venir nos parents en France pour travailler donc on nous tolérait », souligne l’auteur.
Décor précaire
C’est dans ce décor précaire et changeant que Mehdi apprend également ce qu’est l’école. « C’était dur pour nous. À chaque fois, je devais rattraper mon retard car j’étais nul, se souvient-il. Je me rappelle qu’un professeur nous lisait des contes et m’a fait comprendre que lire et écrire pouvait nous sauver. »
Deux ans plus tard, le jeune Mehdi fait zéro faute à la dictée de fin d’année. À partir de ce jour, la passion de l’écriture le happe, lui donne un moyen d’expression, une sorte d’échappatoire pour sortir des bidonvilles. « Quand on écrit, on s’offre au lecteur qui se donne également à nous, c’est un échange, un partage pour ne pas oublier… ne pas oublier d’où l’on vient », souligne l’auteur.
Fils d’ouvriers, Mehdi Charef travaille lui-même en usine comme affûteur pendant treize ans jusqu’en 1983. C’est durant cette période qu’il aiguise son style et écrit son premier roman Le Thé au harem d’Archi Ahmed sorti en 1983 et dont il fera l’adaptation cinématographique deux ans plus tard.
Succès immédiat
Premier ouvrage et premier film d’une longue liste de réalisations car le roman rencontre un succès immédiat. À sa sortie, Le Thé au harem d’Archi Ahmed remporte de nombreuses récompenses dont le Prix de la jeunesse au Festival de Cannes, le Prix Jean-Vigo et le Prix spécial du jury du Festival international du film de Chicago en 1985, le César du meilleur premier film l’année suivante ainsi que le Prix Sos Racisme et le Prix du meilleur film au festival de Madrid.
Après quatre romans, une pièce de théâtre et onze films, Mehdi Charef se consacre aujourd’hui à l’écriture de ses mémoires… Une histoire à redécouvrir.