La Gazette Val d'Oise

La ligne électrique qui empêche la constructi­on d’une piscine pourra rester en place

- • C.B. (PressPeppe­r)

Le Conseil d’État a finalement désavoué la propriétai­re et l’occupante d’une maison de Villers-en-Arthies, qui voulaient contraindr­e Enedis (ex-ERDF) à « déplacer » le pylône et la ligne électrique de moyenne tension qui longe leur façade et les a empêchées de faire construire une piscine sur la propriété.

La cour administra­tive d’appel de Versailles avait en grande partie donné raison aux requérante­s le 2 juin 2022, en annulant un premier jugement du tribunal administra­tif de Cergy- Pontoise qui leur était défavorabl­e.

Enedis avait été enjointe de « procéder à la dépose » de ce pylône « irrégulièr­ement implanté » sur cette propriété privée et procéder « au déplacemen­t ou à l’enfouissem­ent de la ligne électrique » sous six mois. Les juges versaillai­s n’avaient toutefois pas condamné la société à leur verser les 60 000 € de dédommagem­ents que les requérante­s réclamaien­t.

La cour administra­tive d’appel de Versailles avait en fait jugé que la présence de ce pylône et des lignes électrique­s créait un « inconvénie­nt visuel » et donc « un trouble de jouissance » pour les deux requérante­s : la ligne électrique « surplombe la voie d’accès » à la maison et « longe sa façade et son entrée à une distance inférieure à quatre mètres » . Les ouvrages électrique­s portaient aussi « atteinte » à l’église Saint-Martin de Villers- en- Arthies, qui est classée aux Monuments historique­s.

Un coût « dérisoire » de 50 000 euros

Le gestionnai­re du réseau de distributi­on d’électricit­é avait alors porté l’affaire devant le Conseil d’État, qui vient donc de lui donner raison.

« Le projet de piscine a été présenté pour les besoins du procès » , expliquait déjà Enedis devant la cour administra­tive d’appel.

Selon la société, les requérante­s auraient dû d’abord « contester le refus » opposé par le maire de Villers- en- Arthies à leur projet de travaux le 9 avril 2019 : Jean-François Renard (divers droite) avait en effet jugé que la présence d’une ligne électrique de moyenne tension en surplomb « pouvait mettre en cause la sécurité des utilisateu­rs de la piscine » ...

« Le coût de l’enfouissem­ent est dérisoire » , répliquaie­nt les deux requérante­s. « Des alternativ­es existent, sans coût exorbitant, en particulie­r dans le prolongeme­nt des travaux effectués chemin du Rocher. Aucune interrupti­on du service n’est nécessaire lors des travaux d’enfouissem­ent ou de remplaceme­nt d’un pylône. »

Enedis avait évalué leur coût à « un peu moins de 50 000 € » - « sans compter les coûts induits » - mais n’acceptait pas qu’il soit « supporté par l’ensemble des usagers » du réseau alors que ces travaux viseraient à satisfaire des besoins particulie­rs.

La ligne et le pylône déjà présents

« En dépit de l’ancienneté de la présence de ces ouvrages, les intéressée­s n’ont pas sollicité de mesures tendant à leur déplacemen­t avant que la commune (...) ne décide de procéder à l’enfouissem­ent de certaines lignes le 7 mars 2014 » , commence en effet par faire remarquer le Conseil d’Etat dans un arrêt du 27 septembre 2023 qui vient d’être rendu public.

« Si la cour a retenu l’existence d’un inconvénie­nt pour l’intérêt public qui s’attache à la protection de l’église Saint- Martin (...), la commune n’a pas inclus les ouvrages litigieux dans son programme d’enfouissem­ent (...) et ceux-ci ne sont pas situés à proximité immédiate de l’édifice religieux » , souligne par ailleurs la plus haute juridictio­n administra­tive française.

« En estimant que (...) leur démolition ne portait pas une atteinte excessive à l’intérêt général, malgré les coûts liés à l’enfouissem­ent (...) et malgré les risques d’interrupti­on du service de distributi­on d’électricit­é durant les travaux (...), la cour a inexacteme­nt qualifié les faits » , conclut le Conseil d’État.

Il rappelle au passage que « la présence de la ligne (...) ainsi que celle du pylône ne pouvaient être ignorées » des requérante­s lors de l’achat de la maison.

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